Tome IV - La Psychologie

Chapitre 4 - Télévision, de la Décadence à l'Indécence

par Anthony Ghelfo 2016

Introduction


Si la Mecque préislamique était remplie d'idoles qui empêchaient les gens de réfléchir, et les maintenaient dans l'ignorance, aujourd'hui, l'idole planétaire est l'écran de télévision que l'on retrouve dans chaque foyer. La télévision a été l'objet qui s'est répandu le plus rapidement et le plus massivement de toute l'histoire dans les lieux de vie de chacun. En France, 97% des ménages ont au moins une télévision selon l'Insee260. Pour les États-Unis, on atteindrait le chiffre de 99%, et même en Afrique, selon une étude de l'Unesco, la télévision aurait gagné 85% des foyers261. La télévision est donc une lucarne universelle où une certaine réalité est transmise au monde entier, ce qui vous permet de faire le lien avec ce que nous avons dit sur les dangers de l'inconscient collectif unifié.

La télévision est un média, comme la radio ou les journaux, mais aussi comme les idoles. Un média, par définition, n'est pas la source. Le média se situe entre la source et le récepteur. Il est le moyen le plus efficace pour manipuler les gens, en modifiant l'information de la source et en la transmettant de manière biaisée au récepteur. Les idéologues se situent justement au niveau de ces médiations. Pour la télévision, cela prend généralement la forme d'une falsification de la réalité, en la dénaturant par omission ou exagération de certaines informations.

( Ô vous qui avez cru ! Si un pervers vous apporte une nouvelle, voyez bien clair [de crainte] que par inadvertance vous ne portiez atteinte à des gens et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait. )262

Depuis quelques dizaines d'années maintenant, une grande partie de la population ne connaît la réalité du monde qu'au travers du prisme de la télévision. Et cela n'est pas sans conséquence sur la paix civile.

Se méfier de celui que la télé désigne comme ennemi, ou encore, trouver étrange celui qui ne suit pas les codes télévisuels, semble être coutume chez le téléphage. Magnifique instrument de faiseur de stéréotypes et d'heuristiques de jugement, la télévision va pouvoir faire d'une chose marginale, la norme. « Tout le monde le sait, ils l'ont dit à la télé », « tout le monde en a, je l'ai vu à la télé », une généralisation du comportement humain au travers du biais de réalité présenté par la petite lucarne cathodique.

« Depuis quelques années, le neuro-marketing s'érige en nouveau graal manipulatoire. Son credo : aller chercher les failles les plus intimes de notre cerveau pour asservir, à notre insu, nos comportements, nos désirs, nos peurs, nos pulsions, nos représentations, nos décisions. »263

Ce biais de généralisation ne serait rien sans le renfort du marketing. Nos pulsions consommatrices éveillées par les techniques publicitaires, nous dictant un mode de vie dont les actes n'ont pas de sens. Patrick Le Lay, ex-PDG de TF1, nous partagera cette réflexion peu surprenante à propos des chaînes de télévision :

« Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective business, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c'est d'aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit [...] Or pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c'est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible. »264

Mais les dégâts de la télévision ne s'arrêtent pas au simple contenu qu'il présente. Au-delà de l'indécence des programmes télévisuels, cette chute libre vers les tréfonds de la bassesse humaine, ne peut être que l'unique production d'une telle entreprise.

Décadence : État de ce qui commence à se dégrader et évolue progressivement vers sa fin ou sa ruine.
Indécence : Caractère de ce qui est contraire à la morale, aux bonnes mœurs.

En premier lieu, la boîte cathodique produit de la décadence cognitive chez l'homme, dont l'indécence n'est que la conséquence inéluctable. Si le développement psychologique de l'homme se dégrade, cela se répercutera automatiquement sur les mœurs de la société.

Que ce soit au niveau du développement intellectuel, de l'acquisition du langage, de l'attention, des résultats scolaires, de l'organisation de la vie sociale en générale, au niveau de la violence, du sommeil, de l'image du corps, des comportements alimentaires, de l'espérance de vie, et tout ce qui concerne les conduites à risques (sexe, drogues, etc...), la télévision a une influence négative non-négligeable sur tous ces aspects, et qui, de plus, se répercutent sur la société.

En France, seulement le dimanche matin, lorsque tout le monde dort, vous avez de courtes émissions hebdomadaires de quelques dizaines de minutes sur les religions, au travers d'une seule chaîne. Difficile de trouver un cheminement vers Dieu par la télévision, lorsque l'anti-spiritualité et ses valeurs sont omniprésentes.

Dans nos articles précédents, nous parlions de la télévision à partir de nos propres constats. Or dans ce chapitre, nous nous aiderons du livre TV Lobotomie - La vérité scientifique sur les effets de la télévision, de Michel Desmurget, docteur en neuroscience265. Dans cet ouvrage contenant plus d'un millier de références dont la grande majorité sont des études scientifiques, il nous sera alors facile d'étayer nos propos.

Dans un premier temps, nous exposerons les effets décadents de la télévision indépendamment de son contenu. C'est-à-dire que l'on délaissera les programmes présentés aux téléspectateurs, pour montrer les effets négatifs sur certains aspects du développement humain, uniquement par simple exposition au petit écran. Dans un second temps, nous montrerons les conséquences indécentes auxquelles conduisent naturellement cette décadence cathodique. Les dérives idéologiques sont bien souvent surreprésentées dans le milieu médiatique, et deviennent, naturellement au sein de la masse, des réponses antisociales banalisées.

Quand la télévision s'empare de notre temps libre ?


Avez-vous besoin d'une télévision pour vivre ? La télévision est un objet superficiel dont l'humanité s'est bien passée avant le XXème siècle. Tellement superficiel que, d'après Michel Desmurget, les très jeunes enfants (1 à 4 ans) éprouvent majoritairement (à 65%) un désintérêt le plus total pour l'écran de télé266. Ils ne sont pas les premiers demandeurs. Ce sont les parents qui les orientent vers elle, bien souvent pour des raisons pratiques, comme l'obtention de temps libre. La capacité d'absorption de la télévision sur l'esprit d'un enfant peut le scotcher littéralement à l'écran. Elle a une telle emprise que plus les gens la regardent plus ils risquent de continuer à le faire, en raison d'un principe d'inertie démontré par les études scientifiques.267

Or la télé n'est pas le seul moyen pour distraire l'enfant, mais semble le plus efficace pour le plonger dans un état quasi-hypnotique. Beaucoup de gens regardent la télévision pour combler l'ennui. Or l'ennuie est le début de la méditation chez l'homme. C'est l'occasion de se recentrer, de faire son introspection, ce qui n'est pas possible lorsque vous êtes dans l'action permanente. L'ennui est source de bonheur, de créativité, et de prospective, même pour l'enfant.268

« On ne redoute plus le lendemain, lorsqu'on apprend à puiser à pleines mains dans le Vide. L'ennui opère des prodiges : il convertit la vacuité en substance, il est lui-même vide nourricier. » — Cioran269

L'ennui nous apprend la patience. Lorsque nous ne faisons rien, notre cerveau, lui, continue à travailler malgré nous.

( Supporte donc, d'une belle patience. )270

Mais, notre cerveau ne peut pas inventer ce que nous n'avons pas expérimenté. Si vous restez devant la médiocrité des programmes de votre télévision, votre cerveau n'aura que cette médiocrité avec laquelle il devra composer. Vous ne verrez jamais de production intellectuelle sur vos écrans de télé. Jamais de conférence ni de débats sur les fonds idéologiques de plus de quelques minutes. L'immédiateté de l'information est recherchée, il faut passer du coq à l'âne pour garder l'intention du téléspectateur.

Si vous lisez un livre auquel vous ne comprenez absolument rien à cause d'un langage trop savant, votre cerveau aura tout de même travailler bien plus que d'avoir regardé une émission de divertissement, dans laquelle vous avez tout compris et avez simplement passé du bon temps.

Pour cette médiocrité médiatique, inutile de rejeter la faute sur les émissions de télé réalité ou de spectacle, elle se retrouve simplement dans le discours des présidents et des ministres de la République, à l'image d'un Sarkozy271 ou d'une Belkacem, avec de sérieuses difficultés de langage, que ce soit par la syntaxe à l'oral, ou par l'orthographe à l'écrit272. Quelle image donne-t-on de la France par ce manque d'éloquence, lorsque l'on sait que la langue est un facteur important d'intégration sociale, et particulièrement pour les couches populaires et immigrés ?

Aujourd'hui, nous le savons, l'usage télévisuel altère significativement le développement du langage chez les jeunes enfants273 se traduisant par un manque de vocabulaire, un champ lexical peu élargi. Nous aurons l'occasion de revenir dans notre prochain livre, sur l'importance de l'acquisition du langage pour la justesse du raisonnement. Rien ne peut remplacer la bonne vieille école de la lecture du livre papier face aux nouvelles technologies numériques pour le développement des fonctions cognitives supérieures.274

La télévision a remplacé le livre. Les chiffres le montrent par la diminution des emprunts de livres dans les bibliothèques275 depuis l'apparition du petit écran, et par la baisse significative de près de 50% du temps de lecture au détriment de la télévision. Aujourd'hui, les gens allument la télé dès qu'ils rentrent de chez eux, pour le simple bruit de fond. De nombreuses études montrent parfaitement que plus un enfant regarde la télé, moins il aura tendance à lire.276

Cette chute du langage, en raison de la télé, a pu être observée par un simple graphique établi par Michel Desmurget en recoupant deux études. L'une montrant l'évolution de pénétration audiovisuelle dans les foyers277, et l'autre, l'évolution des scores SAT-Verbal au fil des années. Le SAT-Verbal est un test de compétence langagière pour accéder aux études supérieures aux Etats-Unis. Les deux courbes évoluent parallèlement, on parle alors d'isochronisme. On voit clairement se dessiner un peu avant les années 70, une chute du score au test SAT-Verbal, alors qu'environ 20 ans auparavant, c'est le début d'un pic d'augmentation de diffusion de la télévision dans les foyers. Cette simultanéité des phénomènes n'est pas preuve de cause à effets, mais uniquement de corrélation.

Une étude longitudinale canadienne, viendra appuyer cette influence de la télé sur le langage, et notamment sur son rôle véritablement causal278. Elle a été réalisée sur trois communautés, chacune soumise à une condition différente (NoTel : sans télé ; UniTel : une seule chaîne télé ; MultiTel : 4 chaînes), et, ce qui nous intéresse, concerne l'évolution des compétences scolaires. Les résultats montrèrent que des CE1 sous la condition NoTel (sans télé), surpassaient largement leurs petits camarades sous les autres conditions, au niveau d'aptitudes écrites simples. Cette différence persista deux ans plus tard, alors que le bouquet de programme télé national avait été introduite entre-temps dans chaque communauté. Pire encore, les résultats obtenus deux ans après sous-conditions UniTel et MultiTel restaient légèrement inférieurs aux résultats des CE1 NoTel. Au-delà du langage, cette étude a également permis de prouver que la télévision avait également un impact sur les performances scolaires, mais nous verrons plus loin dans cet article, qu'il faut mettre cela en relation avec les effets de la télé sur l'attention.

Toujours concernant le langage, on aurait pu parler également du SMS, qui ne favorise pas les choses, des réseaux sociaux comme Twitter, qui limite votre expression en quelques caractères (étonnamment investi par les politiques), de Facebook avec ses pages partageant des images dans lesquelles la langue française est écorchée, et qu'il n'est pas possible de modifier. Et, nous aurions pu évoquer également les professeurs, de plus en plus atterrés par des fautes de français de plus en plus surprenantes, dont Michel Desmurget s'amuse à nous les partager dans son livre.279

Le temps de lecture a donc été perquisitionné par la télévision, mais plus grave concerne les plus petits. Pour eux, c'est la quantité d'interaction avec leur parent qui a diminué au détriment du tube cathodique280. Interactions très importantes dans les premières années de la vie, toujours concernant le développement du langage. Le petit écran ne propose pas une réelle interactivité, en tout cas pas suffisante pour que notre cerveau puisse apprendre véritablement.

Notre encéphale a besoin d’interagir sensoriellement avec le réel, et pas seulement par écran interposé. Ce n'est pas parce que notre enfant va regarder à la télé, même attentivement, un autre enfant faire du vélo, ou faire du dessin qu'il va apprendre à en faire. Il a besoin d'expérimenter de manière pratique, d'être acteur. Une expérience assez ingénieuse sur des enfants de 2 ans, a montré que ces derniers avaient plus de mal à retrouver une peluche au sein d'une cachette, après une petite initiation, lorsque la révélation de la cachette avait eu lieu par interface vidéo, que lorsque elle avait été faite par interaction directe281. Et ce genre de déficit a été démontré également sur le langage au travers de deux autres études282. La première a montré que les enfants apprennent bien plus de mots dans une liste donnée, lorsque celle-ci leur est apprise par leur parent, que lorsque c'est un programme télé éducatif, et cela, sur une période d'un mois. La seconde a démontré la même chose à court terme, sur un seul mot cible.

Le problème se situe dans l'absence d’interaction. Des programmes enfants pseudo-éducatifs comme Teletubbies ou encore Dora l'exploratrice, ne répondent pas au besoin de l'enfant. Les parents ont tendance à surestimer l'effet éducateur de ses émissions adressées aux jeunes enfants.

« Essayons un instant, pour comprendre le problème, de nous mettre à la place d'un jeune spectateur. Lorsqu'il appelle, Fred et Fiona ne répondent pas. Lorsqu'il sourit, Bloop et Boucle restent de marbre. Lorsqu'il interpelle les Wordies, ceux-ci ne lèvent pas une paupière. Lorsqu'il babille, les autres bébés (dans la télé) ne bronchent pas. Lorsqu'il essaye de reproduire un son ou une action, L'Ami Jacques ne s'interrompt jamais pour écouter, reprendre, aider, étayer ou encourager. Franchement, il ne doit pas être très facile d'apprendre à communiquer dans ces conditions, en subissant la froide indifférence d'un locuteur à la fois sourd et aveugle. Évidemment, avec Maman, les choses sont fondamentalement différentes. Dès que l'enfant agit, elle réagit. Par exemple, lorsque Bébé émet des sons, Maman les imite [...] Lorsqu'il regarde ou montre des objets, Maman les nomme et les lui tend. Lorsqu'il révèle une amélioration de ses facultés de compréhension, Maman ajuste le rythme et la complexité des énoncés formulés. Lorsqu'il détourne la bouche pour indiquer qu'il n'a plus faim, fait une grimace pour signifier combien sa purée de brocolis est infâme, agrippe sa peluche pour attester qu'il n'est pas disposé à la lâcher, ou tape dans ses mains parce qu'il a vu le chat passer sur le balcon, Maman s'adapte et répond avec des mots et des mouvements. » — Michel Desmurget283

Peut-on dire que l'investissement de l'utilisation des tablettes tactiles dans les écoles284, dans le seul et unique but d'apprendre à lire, soit une solution, lorsque la majorité des études scientifiques ont montré que les programmes d'apprentissage sont inefficaces par écran interposé285. Si les gouvernements occidentaux investissent beaucoup dans le numérique, c'est avant tout par intérêt stratégique à long terme, et notamment peser sur la « Guerre de l'information » qui a lieu en ce moment286. La propagande télévisuelle étant en train de s'effondrer, les internautes dissidents commencent à gagner du terrain, et à exercer des pressions sur le gouvernement comme jamais. Le gouvernement a compris son incompétence face à la technologie numérique. Il souhaite donc former les futures générations sous le numérique afin d’investir la propagande dans ce milieu virtuel.

La télévision a également pris le pas sur les activités manuelles. Pour les plus grands, on pourrait parler des consoles vidéos, mais pour les plus petits, ce sont les activités comme le dessin, la peinture, la pâte à modeler. Des activités plus ludiques et manuels, faisant travailler activement les neurones.

Une étude assez parlante, de 1963, montre l'impact du temps passé devant la télévision sur la créativité287. Les résultats ont été mesurés en fonction de la complétude d'un simple dessin de bonhomme, fait par des enfants de 5 à 6 ans. Les enfants les plus consommateurs du petit écran (plus de trois heures par jour) ont dessiné des bonhommes significativement moins aboutis que ceux de leurs petits camarades qui regardent beaucoup moins la télévision (moins de 30 minutes par jours).

L'attention est une capacité essentielle au bon développement cognitif de l'enfant. Elle est liée à la mémoire et à l'apprentissage288. La télévision peut également avoir des effets négatifs sur l'attention des enfants. Une étude montre comment la télévision en simple bruit de fond pouvait affecter les activités spontanées d'enfants de 1 à 3 ans289. Dans cette expérience, on a mis des jouets et une télévision dans une salle, qui selon la condition, pouvait être soit éteinte, soit allumée. Même dans la condition où celle-ci était allumée, les enfants ne la regardaient quasiment pas (environ 5% du temps), mais contrairement à leurs homologues de la condition où la télé était éteinte, chaque coup d’œil sur celle-ci, faisait cesser leur activité en cours. Ils changeaient plus souvent de jouets, utilisaient des schèmes de jeux moins riches et des stratégies cognitives moins importantes. Les enfants n'avaient pas le temps de construire un scénario de jeu sur le long terme, la télé les faisait perdre leur concentration.

Les activités spontanées de l'enfant sont nécessaires au développement de ses fonctions cognitives supérieures. En grandissant, dès les premières années, l'enfant utilise des schèmes de plus en plus complexes. Un schème est une organisation d'actes en vue d’interagir avec l'environnement. Les enfants qui présentent des troubles de l'attention ont généralement l'élaboration de leur schème retardé, et peuvent présenter exactement les mêmes conduites que les enfants de l'étude précédente. Ces conduites sont peu favorables à l'évolution du QI (Quotient Intellectuel) à long terme290. C'est également l'occasion de rappeler qu'il n'existe aucun lien entre le QI et la génétique.

Nombreuses études, relevées par Michel Desmurget dans son livre291, tendent à montrer également que la télévision aurait un impact néfaste sur la qualité et la quantité de sommeil.

« Au plan biologique, par exemple, il apparaît que la télévision agit négativement sur le temps et la qualité du sommeil, ce qui a pour effet de perturber le fonctionnement cognitif et donc en bout de chaîne la production scolaire. Quand l'exposition audiovisuelle est réduite expérimentalement, le sommeil se régularise, ce qui induit une normalisation du fonctionnement cognitif et ultimement une optimisation de la performance académique. » — Michel Desmurget292

La télévision peut déréguler votre horloge biologique (les rythmes circadiens), et en particulier les rythmes du sommeil. Tout d'abord, par la tentation de rester devant l'écran de plus en plus tard, à cause de la fameuse inertie que nous avons déjà évoquée en début d'article. Ensuite, par la difficulté de trouver le sommeil après avoir passé plus d'une heure devant la télévision, et notamment lorsque le contenu stimule le système nerveux, ce qui est le cas des films de début de soirée, souvent violents, excitants, ou encore anxiogènes. Cela se traduit par des nuits raccourcies, et une fatigue plus importante ressentie durant la journée. Enfin, la violence implicite de certains contenus télévisuels, peut être à l'origine de troubles de sommeil chez les plus jeunes (nuits irrégulières, cauchemars, et difficulté d'endormissement)293. La télévision a donc également pris, d'une certaine manière, du temps de sommeil.

Pour rester un instant sur les troubles psychopathologiques, Desmurget nous partage des études montrant que plus l'on regarderait la télévision, et plus on risquerait de contracter la maladie d'Alzheimer, et cela serait d'autant plus vrai pour les seniors (40-60 ans) dont les probabilités augmenteraient de 30% pour chaque heure passée devant le poste294. Nous avions fait cette hypothèse lors de notre article sur le positivisme et les travaux du Docteur André Gernez. La télévision est remplie de références positivistes, et de valeurs « athéistes ». Comme nous l'avons dit en introduction, en France, seul le dimanche matin est consacrée à la religion, ce qui, sur un semaine, représente moins de 3% de la grille des programmes. Et cette absence de spiritualité sur le petit écran, peut être une hypothèse causale, concernant le fait que la télévision serait également un facteur de déclenchement de l'autisme chez les enfants les plus prédisposés295. Ce que nous pouvons en tirer, c'est que la télévision a un impact négatif encore peu connu sur nos activités méta-cognitives.

Enfin, dernière chose importante, dont la télévision a pris la place, est l'activité physique chez l'homme296. L'obésité est un problème qui touche de plus en plus les pays dits développés. Ces deux dernières dizaines d'années, de nombreuses études ont tendance à démontrer que plus nous regardions la télévision, plus nous risquions d'être en surpoids297. Une étude réalisée en 1992, sur des enfants de 8 à 12 ans, a montré que le taux métabolique lors d'une séance de télévision était significativement plus faible que lors d'une séance de repos298. En d'autres termes, les dépenses énergétiques sont plus grandes lorsque vous ne « faites rien » que lorsque vous êtes devant la télé. De plus, d'autres études en viennent à montrer que plus un individu passe du temps devant la télévision, plus il a tendance à s'alimenter299. Et c'est en générale les sucreries et la mal-bouffe qui vont être privilégiés au détriment des fruits et des légumes. Autrement dit, nous nous alimentons moins sainement et en plus grande quantité devant l'écran de télé. Tout cela, largement influencé par le contenu des spots publicitaires sur l'alimentation stimulant notre appétence. Mais nous ne développerons pas plus, car nous traiterons le contenu des programmes cathodiques dans l'article suivant.

( (35) Et (rappelle-toi) quand Abraham dit : « Ô mon Seigneur, fais de cette cité un lieu sûr, et préserve-moi ainsi que mes enfants de l'adoration des idoles. (36) Ô mon Seigneur, elles (les idoles) ont égaré beaucoup de gens. Quiconque me suit est des miens. Quand a celui qui me désobéit... c'est Toi, le Pardonneur, le Très Miséricordieux ! )300

Sans prendre en considération les messages diffusés à la télévision, cette dernière a pris la place de nombreuses activités cognitives et physiologiques indispensable à la bonne évolution de l'homme. Ce serait exagéré de dire que regarder la télévision serait une perte de temps, car elle peut être un moment de détente comme un autre. Mais ce loisir ne doit pas empiéter sur le déroulement actif de votre vie. Car la télévision peut affecter la fitra, le développement naturel harmonieux avec le divin. Tout comme l'idole, c'est un véritable écran sur la réalité, c'est-à-dire, un objet qui fait obstacle à la beauté naturelle du monde, pour la remplacer par toute la laideur et les artifices matérialistes des côtés sombres de l'humanité. L'article suivant permettra de justifier nos propos. La cathode est un excellent outil de propagande301. Un frein sur la liberté. La télévision retarde nos prises de conscience, en prenant de notre temps, quand celui-ci peut être précieux, et utilisé à des fins meilleures, que ce soit pour votre propre bien-être ou le bien-être de la société.

Des programmes indécents et influents ?


La télévision prend de notre temps, et peut causer un déclin ou un retard cognitif. Ainsi, l'excuse récurrente selon laquelle la toxicité de la télé pour l'homme dépendrait des programmes ne tient plus une seconde. Néanmoins, il est vrai que cet argument n'est pas sans fondement et a un certain poids scientifiquement parlant. C'est ce que nous allons essayer de montrer ici.

Nous avons terminé notre précédent article sur le sujet de l'obésité, et rappelé le fait que, devant la télévision, les individus avaient tendance à s'alimenter, plus et mal, qu'à l’ordinaire. Or, cet effet n'est pas totalement indépendant du contenu de la télévision. Les spots publicitaires ne sont pas innocents devant ce phénomène.

( Ô enfants d'Adam, dans chaque lieu de Salat portez votre parure (vos habits). Et mangez et buvez ; et ne commettez pas d'excès, car Il [Allah] n'aime pas ceux qui commettent des excès. )302

Même en état de satiété, le simple fait d'être exposé à des stimuli alimentaires attrayants (pizza, glace, hamburger,...), cela illusionne notre cerveau de sorte qu'il envoie des signaux à l'estomac pour que nous ressentions un désir artificiel de faim303. De nombreuses études tendent à montrer que c'est bien le contenu des publicités alimentaires qui pousse les individus à manger et boire presque deux fois plus que la normale devant la télévision304. Il est donc facile de donner une partie de l'explication à la récente épidémie d'obésité dans les pays développés lorsque la moitié des spots publicitaires glissés entre les programmes adressés à la jeunesse, sont de types alimentaires305. La publicité a un impact positif sur le chiffre d'affaires des industries alimentaires, raison pour laquelle, il correspond la plupart du temps au budget le plus important. Grâce au marketing, la publicité a aujourd'hui le pouvoir d'agir sur les comportements du consommateur.

Car la tromperie sur notre esprit ne s'arrête pas en si bon chemin. Des marques comme Coca Cola ou McDonald's, sont tellement ancrées dans l'inconscient collectif, qu'ils ont des effets psychologiques non-négligeables, et notamment sur nos perceptions sensorielles. Une expérience célèbre dans le domaine de la psychologie, démontre parfaitement cette altération sur la perception gustative306. Dans celle-ci, les chercheurs ont tout simplement mis des aliments de même provenance, dans des emballages différents (un emballage neutre, et un emballage sur lequel il y avait le logo McDonald's). Puis on a demandé à des enfants entre 3 et 5 ans de goûter les aliments dans ses deux conditions, et de dire quelle était leur préférence. Les résultats sont sans appel. Que ce soit pour un hamburger, des frites, des nuggets, ou même des carottes, la majorité des enfants ont préféré ces aliments lorsqu'ils pensaient qu'ils provenaient de chez McDonald's (emballage avec le logo), que lorsqu'ils étaient présentés dans un emballage neutre. Autrement dit, le simple logo McDonald's a influencé leur perception du goût. Une expérience similaire a été réalisée sur des enfants de 3 à 6 ans, mais cette fois, des emballages neutres étaient comparés avec des emballages sur lesquels il y avait des personnages de dessins animés : Scooby Doo, Dora l'Exploratrice, et Shrek307. Les résultats furent identiques. L'icône imagée a remporté un franc succès. Précisons que, dans la première étude, la perception était d'autant plus altérée qu'il y avait de téléviseurs présents dans le foyer.

Ces conclusions peuvent être recoupées avec le phénomène psychologique connu qui est que l'homme a tendance à préférer les stimuli auxquels il est habitué. Dans un de nos articles précédents, nous avions donné l'exemple des politiciens qu'ils voient pendant des décennies sur leur poste de télé, mais concernant la consommation alimentaire, cela peut-être une marque, un logo, une mascotte sur une boîte de céréales, etc. Cela prend surtout la forme de quelque chose de très visuelle.

Ainsi, on peut se poser la question légitime de notre libre-arbitre, lorsque la télévision peut avoir un tel impact sur nos choix et nos perceptions. La télévision peut créer une véritable matrice mentale, une prison, qui se substitue à notre volonté propre. Des études ont montré qu'une simple annonce publicitaire dans un programme télévisuel, sans effort de mémorisation de notre part, influençait de manière significative nos comportements alimentaires ou nos choix de consommation308. En des termes plus clairs, nous pouvons parfois avoir l'impression d'exercer nos propres choix, alors qu'en réalité, nous sommes sous influence de stimuli inconscients auxquels nous avons était exposé antérieurement. Ce qui est inquiétant, c'est que certaines de ces études, dans leur conclusion, en viennent à encourager les publicitaires et le marketing dans leur pratique, au lieu de dénoncer ce viol littéral à l'encontre du libre-arbitre humain.

« Les publicitaires devraient être fortement encouragés par les résultats de cette étude. Nos résultats indiquent qu'une publicité est capable d'affecter les futures décisions d'achats même si les sujets, qui sont occupés à une autre tâche, ne traitent pas la publicité attentivement et, ainsi, ne se rappellent pas avoir vu la publicité. »309

Ce qui signifie que toute information subliminale imagée, exposée à notre insu, soit échappant à notre conscience, peut compromettre notre libre-arbitre. Ici, vous pouvez faire le lien avec ce que nous avons affirmé sur la dictature moderne, et l'impression illusoire de liberté ancrée dans l'esprit du citoyen.

« Aucun groupe de sociologues ne peut se rapprocher des équipes publicitaires en ce qui concerne le rassemblement et le traitement de données sociales. Les équipes publicitaires ont des milliards par an à dépenser dans les recherches et tests de réactions, et leurs produits sont de magnifiques accumulations de substance concernant les sentiments et expériences vécues par la communauté entière. » — Marshall McLuhan310

C'est également pour ce genre de propos que se pose la question du « progrès » scientifique. Que fait-il progresser réellement ? Nous progressons en terme de connaissance, mais nous ne le mettons pas au service de l'humanité, au contraire, nous le mettons au service du capitalisme et du consumérisme. Ce modèle qui vient des États-Unis, s'est développé suite au fordisme. Le modèle d'hyper-production développé par Henri Ford au début du XXème siècle, n'aurait pas tenu longtemps si, tous les objets produits durant ces années n'avaient pas trouvé preneurs. Autrement dit, il fallait créer du besoin chez l'homme de vouloir posséder ces marchandises. Et, c'est ainsi que naissaient la propagande, le marketing et la publicité, qui nous a conduit naturellement à la société de consommation.

Et la télévision a été un support sur lequel toutes les techniques d'influence pouvaient s'infiltrer directement dans les foyers. La télévision impose des valeurs nettement consuméristes311. Même en dehors des spots publicitaires, nous avions déjà évoqué les placements de produits dans les films. Une étude statistique a été réalisée312 pour essayer de mettre en évidence des placements de produits alimentaires dans les films américains. Les chercheurs ont pris 200 films du box-office (c'est-à-dire qui ont eu le plus de succès), entre 1996 et 2005. Ils ont relevé que pour 138 de ces films, soit 69%, on pouvait y trouver un placement de produits de type alimentaire. Au total, 1180 marques (boissons, nourriture, chaîne de restauration) ont été identifiées dans ces films. Une autre étude du même type a fait le travail sur les marques d'alcool et de tabac, en prenant 1400 films des box-offices entre les années 1996 et 2009313. Ils ont su identifier 500 marques de tabac et 2433 marques d'alcool. Ils ont également comparé les périodes 1996 à 1999 et 2000 à 2009, car en 1998, un accord (Master Settlement Agreement314) a été signé aux États-Unis, en vue de sanctionner, restreindre, limiter et interdire des actions de l'industrie du tabac, et notamment dans leur promotion publicitaire et leur intervention (lobbying) dans les productions cinématographiques. Les résultats ont montré que les références à des produits tabagiques célèbres exposés dans les films ont chuté après l'instauration de cet accord. Cependant, pour l'alcool, rien a changé, et une légère hausse a été identifiée pour les programmes adressés aux jeunes adolescents.

Mais dans ces derniers articles, il n'était question que de relever les marques déposées, y compris pour les restrictions. Car, en réalité, les statistiques en référence aux comportements tabagique et alcoolique dans le cinéma, indépendamment des marques, sont exponentiellement plus importantes. La cigarette s'est invitée dans, au moins, 2/3 des productions cinématographique de ces dix dernières années, y compris en Europe315. De nombreuses études viennent à montré que les films sont incitateurs à la consommation de tabac surtout chez les adolescents316. L'OMS confirme, en précisant que beaucoup de jeunes ont commencé à fumer parce qu'ils souhaitaient simplement ressembler à un personnage charismatique du cinéma. De plus, la cigarette aurait été présente dans au moins 1/3 des programmes adressés à la jeunesse en 2014317.

Le constat est le même pour l'alcool318. Également promu à travers les clips musicaux (principalement dans la musique populaire319), mais aussi dans les dessins animés.320

Le problème majeur de la présentation de ces comportements à la télévision, est leur association systématique, soit à des situations positives ou soit à des stéréotypes, mais aussi, qu'ils sont totalement dénués de prévention sur les effets néfastes sanitaires. Un personnage de film peut boire une quantité d'alcool illimitée ou encore fumer autant qu'il veut sans aucun risque, si le scénario en a décidé ainsi.

Et les mêmes observations peuvent être de nouveau faites sur le sexe, avec une note particulière tout de même, c'est qu'il est présent partout (émissions, reportages, clips musicaux, publicités, films, séries, télé-réalités, etc), sur toutes les chaînes, à toute heure de la journée, et de plus en plus dans les programmes tout public. Que ce soit de la simple allusion « comique », à l'acte pornographique, tout le prisme y figure. Le chiffre de 70% de présence ici n'est pas uniquement pour les films, mais bien pour tout type de programme confondu. Cette omniprésence du sexe en devient presque dérangeante, une fois que l'on en prend conscience321. Combien de scènes de films ou de séries, représentants des rapports charnels, très souvent illégitimes, n'apportent strictement rien au scénario, et sont totalement superficiels ?

L'ennui, c'est que ces scènes ne sont pas sans conséquence sur les esprits des jeunes. Elles leur imposent des stéréotypes de genre, de rôle, et d'attentes irréalistes sur la vie sexuelle322. Selon une étude américaine, les messages subliminaux les plus répandus à la télévision sont : « Les adultes n'utilisent pas de moyen de contraception », « Il n'y a pas de temps de préparation pour avoir de rapport sexuel », « Tout le monde couche », « Les gens mariés se trompent fréquemment les uns les autres », « le sexe est un sport récréatif »323. Toutes ces suggestions stéréotypées, à la base non-conforme avec la réalité, vont finir par le devenir par prophétie-autoréalisatrice. Notamment en faisant naître la frustration chez l'être humain.

( On a enjolivé aux gens l'amour des choses qu'ils désirent : femmes, enfants, trésors thésaurisés d'or et d'argent, chevaux marqués, bétail et champs; tout cela est l'objet de jouissance pour la vie présente, alors que c'est près d'Allah qu'il y a bon retour. )324

Comment cela fonctionne ? À l'intérieur d'un film, vous mettez en scène un homme qui peut jouir de tous les biens, que ce soit des femmes, de l'argent, des conditions de vie, des objets prisés de l'époque (voitures, bijoux, etc.). En faisant cela, vous avez créé deux éléments irréalistes : un modèle et une attente, tous les deux non-représentatifs de la réalité. De cette manière, on peut insuffler de la frustration ou de la jalousie chez l'homme avec un minimum d'arrogance, qui va vouloir assouvir ces désirs que l'on a réveillés chez lui. Et c'est ainsi que, par la même occasion, se renforce le modèle capitaliste basé sur la compétition dans la perquisition des biens.

« C’est aussi bien avec la connaissance de l’être humain, de ses tendances, de ses désirs, de ses besoins, de son mécanisme psychique, de ses automatismes que celle de la psychologie sociale et de la psychologie analytique que la propagande peut affiner ses techniques. » — Jacques Ellul325

Les adolescents sont les plus influençables dans ce domaine326, et nous avions dit que le capitalisme cherchait à conserver cet état d'immaturité même chez l'adulte, pour qu'il puisse continuer à avoir l'esprit modulable à souhait327.

Les autres stéréotypes diffusés au travers de la télévision concernent l'image du corps avec des critères esthétiques dictés et bien définis. La télévision est une véritable machine de création d'archétypes (archétype ici dans le sens d'image idéalisée). Toute personne qui fait du cinéma, ou qui a un poste stratégique à la télévision est essentiellement choisie pour son physique. Dans le monde de la télévision, « tout le monde il est beau », ou en tout cas, c'est une illusion qu'elle veut donner. Et lorsque vous mettez en lien cela avec les théories implicites sur la personnalité, notamment de la causalité artificielle sous-entendu entre la beauté et, l'intelligence et le succès, vous pouvez comprendre le pouvoir d'autorité que peut représenter la télévision dans l’inconscient collectif d'une société.

À force de surexposition de ces représentations biaisées d'idéale de « perfections » inatteignables, chacun va se sentir de moins en moins bien dans son corps, et vouloir à tout pris ressembler aux personnes vues à la télé. Désir naissant du même principe de frustration que par le sexe. Une anorexique qui se croit grosse, est tout simplement atteinte d'un archétype (une image idéale) ancré dans l'inconscient, et qui perturbe sa perception du réel, à savoir l'image qu'elle a de son corps. En des termes religieux, nous dirions que c'est tout simplement un djinn (ou plusieurs) qui la persuade de ne pas être assez mince.

Mais tout cela fait partie d'une stratégie dont nous développerons une réflexion plus en détails dans le prochain article. Occuper nos esprits à des comportements puérils, à nous focaliser sur les apparences de la matière. Alors que pendant ce temps, le monde continue d'évoluer, les politiciens et idéologues continuent à agir dans leurs intérêts, et la masse reste esclave tant qu'elle néglige sa vigilance. Et si jamais, elle devait se rendre compte de tout ce manège, cette manœuvre élaborée possède un deuxième tour dans son sac. Diffuser de la violence et de la peur, pour susciter de l'angoisse face à cette prise de conscience.

Le sexe, l'alcoolisme, le tabagisme, sont déjà des violences en soi, mais les violences physiques (agression, meurtre, bagarre, viol, guerre, etc) et verbales (insultes, vulgarité, etc) sont tout aussi omniprésentes. Pas moins de 10 scènes par heures de violence ne serait-ce qu'à la télévision française. « Six cent soixante-dix meurtres, 419 fusillades ou explosions, 15 viols, 27 scènes de torture », ce sont les chiffres que le journal Le Point a comptabilisé sur une semaine de programme en 1988, sur les 6 premières chaînes françaises328. Encore une fois, ces actes violents sont majoritairement commis par des personnages positifs, attachants, avec lesquels il est facile de s'identifier.

Dans notre pays, nous rencontrons de sérieux problèmes de signalisation pour les contenus violents329. Puisque les programmes adressés à la jeunesse sont également fortement touchés330. Pour un chercheur en psychologie, une série, type dessins animés américains, comme Les Simpson, peut être considérée comme présentant du contenu violent, et ne devrait pas être exposé aux jeunes enfants. Les adultes ont tendance à sous-estimer le contenu violent de certaines images (par banalisation et désensibilisation331). L'impact des images violentes sur le comportement n'est plus à démontrer scientifiquement.

« [...] les chercheurs ont dépassé le problème de mise en évidence (est-ce que les images violentes altèrent le comportement ?) pour s'intéresser à la question des causalités (comment les images violentes altèrent-elles le comportement?). » — Michel Desmurget332

Pour étayer ses propos, Michel Desmurget nous cite une liste d'affirmations d'experts sur la question :

« Le débat scientifique destiné à savoir si la violence médiatique augmente les comportements d'agression et de violence est fondamentalement terminé. » — Craig Anderson et al.
« Il y a des évidences claires selon lesquelles l'exposition à la violence médiatique contribue de manière significative à la violence du monde réel. » — Ellen Wartella et al.
« Les recherches conduites durant les 50 dernières années amènent à la conclusion selon laquelle la violence télévisée affecte les attitudes, valeurs et comportements des spectateurs. En général, il semble y avoir trois classes principales d'effets : agression, désensibilisation et peur. » — Oohn Murray
« La conclusion des organisations de santé publique, basée sur plus de 30 ans de recherches, est que regarder des spectacles violents peut conduire à augmenter les attitudes, valeurs et comportement agressifs, particulièrement chez les enfants. Les effets sont mesurables et de longue durée. » — Déclaration conjointe de 6 associations médicales américaines majeures.
« Les évidences sont maintenant claires et convaincantes : la violence dans les médias est l'un des facteurs causaux des agressions et de la violence réelle. En conséquence, les pédiatres et les parents doivent agir. » — Académie américaine de pédiatrie.
« Le corpus d'évidences accumulées est cohérent et clair - la violence à la télévision provoque une augmentation des comportements agressifs et violents. » — Rowell Huesmann et Laramie Taylor.
« La controverse devrait être terminée. » — Victor Strasburger333

Toutes les études concernées montrent bien que cela ne dépend pas du pays, allant à l'encontre de certains préjugés qui souhaiteraient s'imposer à nous. Les contenus violents n'ont pas plus d'effet sur les américains, que sur les australiens, les israéliens, les européens, les japonais, les argentins, etc...334. La corrélation violence-média/violence-réelle serait de la même grandeur que tabagisme/cancer, pour dire à quel point il faut prendre cela au sérieux335. Évidemment, il n'est pas question de dire que la télévision serait la seule et unique origine principale des comportements violents dans la société, mais uniquement de prendre cela en considération comme un facteur non-négligeable.

Un phénomène très important que produit la télévision, et capital pour comprendre le monde dans lequel nous vivons, est la désensibilisation. Cela s'apparente au syndrome de la grenouille, mais il faut savoir que la désensibilisation systématique est une technique thérapeutique utilisée par les psychothérapeutes pour guérir certaines phobies par exemple.

Désensibilisation systématique : Thérapie comportementale dans laquelle un patient apprend à prévenir l'éveil anxieux en se confrontant, en état de relaxation, au stimulus redouté.336

Sauf qu'utiliser à mauvais escient, celle-ci peut devenir une véritable arme de contrôle des masses.

« Ces techniques de psychothérapie, largement pratiquées et acceptées comme un moyen de guérir les désordres psychologiques, sont aussi des méthodes pour contrôler les gens. Elles peuvent être systématiquement utilisées pour influencer les attitudes et les comportements. La désensibilisation systématique est une méthode utilisée pour faire disparaître l’anxiété afin que le patient (le public) ne soit plus troublé par une peur spécifique, la peur de la violence par exemple. […] Les gens s’adaptent aux situations effrayantes s’ils y sont suffisamment exposés. » — Steve Jacobson337

Deux études relevées dans l'ouvrage de Michel Desmurget attirent notre attention sur la désensibilisation qu'entretient la télévision. La première338 a été réalisée sur des enfants de 8-9 ans, à qui on a demandé individuellement de surveiller une petite fille et un petit garçon au travers d'un écran en l'absence de l'expérimentateur. Préalablement, on a amené chaque enfant, dans une salle dans laquelle, selon la condition, soit il devait regarder un film avec du contenu violent, soit un film sans violence, ou pas de film. Ensuite seulement, pouvait commencer la surveillance des enfants. L'expérimentateur s'éclipsait alors, et ils leur précisait de bien venir le prévenir au moindre problème. En réalité, le petit garçon et la petite fille, par écran interposé, se retrouvaient être en réalité une vidéo pré-filmée dans laquelle, les deux chérubins allaient bientôt se disputer et se bagarrer. On attendait alors que l'enfant réagissent, et ainsi, pouvoir mesurer son temps de réaction en fonction de sa décision d'aller prévenir l'expérimentateur de la chamaillerie. Les résultats montrèrent que les enfants exposés antérieurement à du contenu violent, attendaient plus longuement avant d'avertir l'expérimentateur, par rapport aux enfants des autres conditions. Les premiers mettaient plus de temps à identifier des signes précurseurs de violence.

La deuxième expérience339 a été réalisée sur des étudiants. Ils furent exposés à trois films d'horreurs, particulièrement sadiques à l’encontre des femmes, sur une période de six jours, soit un film tous les deux jours. Quelques jours après ces trois projections, on leur montra à nouveau plusieurs vidéos dans lesquelles des femmes victimes d'agressions témoignaient en racontant avec détails le supplice qu'elles avaient vécu. Les résultats ont montré que ce groupe d'étudiants ressentaient significativement moins d'empathie pour les victimes, en comparaison avec un groupe contrôle qui n'avait pas était soumis à ces films d'horreur. Aujourd'hui, nous le savons, plus un individu va être soumis à des images violentes, moins il aura de réaction émotionnelle à leur encontre340. Donc imaginez celui qui regarde le journal télévisé du 20 Heures tous les soirs.

Au-delà de ces études, la désensibilisation se voit tous les jours dans la pratique, notamment lorsqu'il y a des attentats. Nous sommes beaucoup moins sensibles lorsqu'un attentat a lieu dans le monde arabo-musulman, que lorsqu'il est sur notre sol, et cela, y compris chez ceux qui se prétendent humanistes (et nous visons particulièrement certains franc-maçons qui prétendent à l'universalisme). Cette sélection n'est pas naturelle, et relève du tribalisme. D'aucuns vous parleront de distance, mais alors comment expliquer la minute de silence en France, suite aux attentats du 11 septembre 2001, alors que des choses beaucoup plus graves sont arrivées plus proches que ce soit en Afrique, ou dans le Moyen-Orient ? Par cet exemple, nous voyons bien qu'il y a quelque chose qui relève de la hiérarchisation ethnique inconsciente, et non pas de la distance terrestre.

Cette désensibilisation peut donc jouer également le rôle de matrice mentale, en modifiant la perception de la réalité. Par exemple, à force d'être exposé aux complots et aux méchants dans les films, la désensibilisation opère, si bien que, certains en arriveraient presque à croire que cela n'existe pas dans la réalité. Le cinéma a réussi à mêler le vrai et le faux, si bien que, si l'on met beaucoup de vrai dans un film fantastique, et beaucoup de faux dans un film réaliste, l'on peut brouiller les codes sociaux.

La violence surexposée dans les médias a également pour but de propager la peur. Une sélection minutieuse de drames quotidiens mise à la une, entre délinquances, et affaires de meurtre proches de ce que l'on nous montre constamment dans les films. Les journaux télévisés, les reportages consacrés aux forces de l'ordre et aux corps constitués, ainsi que les séries sur la criminalité (Les Experts), sont des programmes qui favorisent le sentiment d'insécurité.341

En raison de cela, certains surestiment leur chance de se faire agresser. La peur est un véritable facteur d'influence342, si bien qu'elle peut conduire à la paranoïa. Combien de gens, ces dernières années, sont agacés contre les musulmans, parce que les médias surexposent les attentats faits par de présumés islamistes, et laissent entendre systématiquement qu'il y aurait un lien avec l'islam. Ils ont l'impression d'entendre parler de l'islam constamment dans les médias, et en conséquence, cela augmente sensiblement les probabilités de voire naître de l'islamophobie. Ils leur suffiraient simplement d'éteindre leur télé, pour voir que la réalité quotidienne est très loin de ressembler au panorama que souhaite nous imposer la petite lucarne.

« La réalité ? Quelle réalité ? Mais si la réalité intéressait les gens, les gens éteindraient leur télé et regarderaient par la fenêtre ! » — Dieudonné M'Bala M'Bala343

Le problème, c'est que des gens vont commencer à se complaire dans cette matrice mentale. Dans une certaine vision du monde qui n'a plus de rapport, ni au réel, ni à la vérité344. Ils vont devenir des marionnettes aux services des intérêts des idéologues médiatiques, et faire obstacle au bien commun. Ils vont voir le monde avec tous les stéréotypes déversés par la propagande télévisuelle. Si un musulman dit des choses contraires à ces préjugés, alors on l'accusera de mentir par usage de la taqiya345. Si la télévision relaye des actes de pédo-criminalité perpétrés par des hommes d'Église, alors la population aura tendance à coller une étiquette sur la religion chrétienne. Si les médias ne relayent que des attentats perpétrés par des islamistes, alors on collera l'étiquette de terrorisme sur l'islam. Si vous n'êtes pas vigilants à propos de tous ces mécanismes de manipulation, à savoir la création d'icônes, d'archétypes, s'ancrant dans l'inconscient collectif, alors vous risquez de tomber dans tous les pièges, et d'être entièrement sous-influence sans que vous ne vous en rendiez compte, et croirez agir de vous-même, alors qu'en réalité, vous seriez incapable de penser autrement.

Avant de terminer cet article, nous allons revenir un instant sur les valeurs diffusées sur le petit écran. Elles sont très souvent contraires à celles que souhaitent nous inculquer la société, à commencer par l'école. Et là, nous pourrions revenir à notre contraste entre mangas japonais et le comics américain. Particulièrement sur le second qui est le plus diffusé, notamment par des adaptations cinématographiques depuis le début des années deux mille. Dans ces derniers, globalement, on y trouve une faible inclination à la recherche du savoir, et de la persévérance. Même si vous trouverez des exceptions346, tous inculquent l'immédiateté, l'appétence, et vous trouverez très rarement des scènes de comics books, où les personnages principaux seraient inquiétés par leur besoin quotidien, ni en train de voir les accomplir, contrairement aux histoires de mangakas347.

« La culture médiatique qu’ils consomment quotidiennement, et dont les programmes jeunesse ne sont qu’une partie, fonctionne sur des valeurs souvent opposées à celles de l’école : promotion de la réussite spectaculaire sans efforts, promotion de l’exposition de l’intimité, fonctionnement dans l’instantané et la satisfaction immédiate, banalisation des comportements aberrants, pervers et criminels –voir la médiatisation des cas de « serial killer »… De plus, cet environnement médiatique véhicule des repères étrangers à la société française et européenne qui contribue au flou des valeurs et à la confusion des comportements chez les jeunes. »348

Les séries animées retirent également du pouvoir créatif dans l'imaginaire. Lorsque vous regarder un épisode de DragonBall Z par exemple, l'univers vous est entièrement imposer, les couleurs, les mouvements, la voix des personnages, etc. Alors qu'initialement, dans le manga papier original, vous n'avez pas toutes ces informations, mêmes les images sont en noir et blanc, pour vous permettre d'adopter les couleurs de votre choix du monde fantastique dans lequel évolue les personnages. Dans un comics, les images sont en couleurs, comme dans de nombreuses bandes dessinées françaises, ce qui est une restriction de plus pour l'imagination. Évidemment, le roman surpasse tous les ouvrages d'images, en terme de liberté d'exercice du pouvoir créatif, et pour ainsi, pouvoir entièrement peindre l'histoire au fil du scénario aux vents de votre imaginaire.

Pour finir sur une remarque, on pourrait voir une soi-disant contradiction, entre notre article précédent et celui-ci. En effet, nous avions dit que l'enfant était incapable d'apprendre à lire correctement par écran, alors que nous disons ici, que regarder la télévision peut entraîner l'adoption de comportement à risques (tabac, alcool, fornication). En réalité, la télévision ne permet pas d'apprendre à devenir fumeur, ni à boire de l'alcool, ni à tomber dans l'adultère. Ce qu'elle fait, et de manière experte, c'est qu'elle suscite le désir de commettre ces actes en utilisant les faiblesses de l'esprit humain. Ce n'est donc pas une question d'apprentissage, mais d'engendrer du désir de consommation. Susciter le désir d'apprendre à lire et à écrire n'a aucun intérêt lucratif pour le monde publicitaire et médiatique.

Contrairement à Desmurget, nous sommes confiant sur le fait, qu'un jour, la télévision va se démoder au détriment d'internet ; ce n'est qu'une question de temps. Nombreux sont ceux qui œuvrent (et qui complotent) dans cette direction pour rétablir un peu de démocratie dans les pays occidentaux…

Les conséquences de la télévision sur la société ?


La télévision est un excellent outil de propagande. Le plus puissant qui soit, pour la simple et bonne raison qu'elle peut imprimer les images qu'elle souhaite, sur le téléspectateur non-vigilant. Et si, le tube cathodique peut influer aussi facilement sur le libre-arbitre et les comportements des hommes, alors cela aura forcément des conséquences sur la conception de la société. Cette désensibilisation opérante aura un impact sur les masses dans leur choix politique, sur leurs valeurs, leur spiritualité, leur façon de voir le monde et d'appréhender l'autre. Elle conduira vers une indécence, peu cachée, de la part des représentants de la propagande, à travers leurs discours et leurs comportements, et viendront démocratiser, ou plutôt contaminer, les masses.

Il est véritablement question de transformer la société en éduquant, ou en formatant, la population en lui montrant comment se comporter dans chaque situation recherchée. Nous avons vu dans l'article précédent que le cinéma était porteur de stéréotypes. La publicité à la télévision va également véhiculer des stéréotypes de mode de vie et de comportement docile, infantile, et niais, en adoptant le format de micro-clip vidéo. Vous ne verrez jamais une publicité française avec des femmes portant le foulard, par exemple, alors qu'aujourd'hui, cela fait partie du paysage français.

« Dans notre monde contemporain, le cinéma est à son insu la courroie de transmission la plus efficace de la propagande. Il n'a pas son pareil pour propager idées et opinions. Le cinéma a le pouvoir d'uniformiser les pensées et les habitudes de vie de toute la nation. Les films étant conçus pour répondre aux demandes du marché, ils reflètent, soulignent, voire exagèrent les grandes tendances populaires, au lieu de stimuler l'apparition de nouvelles manières de voir et de penser. Le cinéma ne sert que les idées et les faits à la mode. Tandis que le journal a pour vocation d'informer, le cinéma a pour vocation de distraire. » — Edward Bernnays349

Edward Bernays nous confirme clairement que le cinéma a "le pouvoir d'uniformiser les pensées et les habitudes de vie" de toute une nation. La mode contemporaine de ces dernières dizaines d'années que la propagande télévisuelle a su imposer à la masse en Europe, tout en échappant à sa conscience, est le consumérisme, sur le modèle capitaliste américain. Et ce modèle a continué sa progression grâce à la mondialisation, il a pu se diffuser mondialement.

Rien que par l'exposition de spots publicitaires, cela s'est traduit en projet de société, puisque la publicité est pensée dans l'urbanisme occidental. Les clips publicitaires ne sont plus seulement à la télé, mais partout dans les rues, sur les abris bus, les bus eux-mêmes, les panneaux d'affichage, les bouches de métro. La publicité agit politiquement, et, est autorisée à faire son prosélytisme 24h/24. Lorsque certains parlent d'islamisation de la France, ne voient-il pas comment l'empire de la consommation colonise impunément notre territoire, et indirectement nos esprits ?

Avec cet exemple, on voit clairement que la télévision peut avoir un impact sur la société, au point de fournir un projet de civilisation tout entier.

Edward Bernays continue en différenciant le rôle du cinéma avec le journal télévisé. Le cinéma distrait quand la presse informe, ou plutôt, pour être précis, nous fait savoir ce qui va dans son intérêt. Aujourd'hui, en France, avec la TNT, nous avons désormais des chaînes d'informations continues, dans lesquels, le code de la déontologie journalistique est très souvent bafoué350. Dans le relais des derniers attentats de Bruxelles du 27 mars 2016, nous pouvons clairement comprendre que ces programmes n'ont pas pour priorité de diffuser la vérité objective sur un ton purement informationnel, puisque par exemple, la chaîne iTélé a repris en boucle une vidéo antérieure des attentats qui ont eu lieu en 2011 en Russie, pour commenter ceux de Bruxelles351. Nous voyons clairement ici, que le but premier est l'impression d'image dans l'inconscient collectif. Diffuser des images "sensationnelles" pour impacter le plus possible idéologiquement les téléspectateurs. Peu importe la vérité, l'objectif est d'entretenir la terreur. Les meilleurs communicants des terroristes sont finalement les médias, qui relayent avec la même intensité espérée les attentats violents perpétrés.

Nous pouvons voir de manière identique, comment nos politiciens se servent des actes terroristes pour faire avancer leur agenda. Pour eux, les derniers attentats de Daesh auraient été une menace directement adressée à l'Europe, dont Bruxelles serait le centre. Prétexte qui leur a permis d'affirmer haut et fort, qu'il fallait plus d'Europe et d'union européenne, soit plus d'uniformisation à l'échelle du continent européen. Néanmoins, les actes commis par Daesh ne visent étonnamment jamais des institutions politiques, mais bel et bien des places publiques, sans cible apparente, au beau milieu du peuple. C'est pour cela, qu'il est assez risible de prétendre être en guerre contre Daesh, car c'est surestimer son importance et son intelligence, ce qui décrédibilise une nouvelle fois nos politiques.

Le but est évidemment toujours le même, continuer à faire peur. Laisser croire dans l'inconscient collectif qu'il n'y a qu'une seul issu possible, et que sortir de l'Union européenne causerait une catastrophe. Comme si une construction politique totalement artificielle serait irréversible, dans tous les cas, c'est le destin qu'ils forcent et qu'ils essayent d'imposer.

À l'heure où nous écrivons cet article, les Panama Papers, une fuite de documents confidentiels pouvant compromettre certaines personnalités, ont encore été une excuse pour diaboliser des partis politiques à tendance nationaliste. Les noms de Vladimir Poutine, Bachar el-Assad, Jean Marie LePen, sont cités dans les articles de journaux mainstream, alors que dans le détail, ces personnes ne sont nullement impliqués dans les sociétés offshore révélées. Les journaux utilisent la fameuse formule « proche de » Mr. untel ou de tel parti politique. Ils diabolisent, et ils se rendent à nouveau ridicules, en vue de faire avancer leur storytelling.

« La télé est dangereuse pour les hommes. L'alcoolisme, le bavardage et la politique en font déjà des abrutis. Était-il nécessaire d'ajouter encore quelque chose ? Le mal est fait... Personne ne pourra empêcher maintenant la marche en avant de cette infernale machine. Adieu travail ! Demain, on pensera sans effort, puis on ne pensera plus et on crèvera enfin de la plus triste vie. » — Louis-Ferdinand Céline352

Ils sont ridicules à nos yeux, mais sur la masse, cela semble fonctionner suffisamment, tant que l'opinion véhiculée atteint une majorité. Grâce à la télévision, et aux médias plus généralement, ils arrivent donc à orienter les choix politiques de la masse, en instrumentalisant les phénomènes qui, parfois, sont entretenus ou causés par eux-mêmes. Ils orientent, mais ils neutralisent aussi parfois l'opinion publique, en la faisant se désintéresser totalement de la question politique. Diaboliser les forces nationalistes multipolaires, de la diversité universelle, derniers résistants du mondialisme, en vue de faciliter la venue du Nouvel Ordre Mondial, une tour de Babel moderne et virtuel, du supra-national vers le supra-continental, soit un gouvernement unipolaire qui dirigerait le monde entier.

Pour se protéger d'un éventuel éveil du peuple, les politiques et les médias dévient le sujet de la grande délinquance de carrière, vers la petite, notamment sur la question des banlieues. Une mise en scène de la petite délinquance pour cacher la grande. Comment est-il possible d'expliquer qu'un va-t-en-guerre comme Nicolas Sarkozy puisse être si haut dans les sondages du parti Les Républicains en vue d'être un potentiel candidat à l’élection présidentiel française de 2017 en France ? On pourrait en dire autant d'Hillary Clinton aux États-Unis.

Si cela fonctionne, c'est que la petite délinquance nous paraît plus concrète et plus saillante dans notre quotidien, sauf qu'elle agit sur le court terme, lorsque la grande délinquance, qui est souvent une délinquance financière, mafieuse et politique, nous semble beaucoup plus abstraite et lointaine, alors qu'elle a pourtant un réel impact sur nos institutions, sur nos modèles économiques et nos choix politiques. L'immigration de masse, par exemple, n'est pas un phénomène naturel.

La délinquance dans les banlieues a été un sujet qui revenait à chaque campagne électorale ces dix dernières années. Insister sur l'insécurité du peuple, certes réel, mais dont la simple stigmatisation du délinquant parce qu'il est délinquant, n'a aucun intérêt, et n'est pas une solution. À croire que l'on naîtrait délinquant, selon les propos de Nicolas Sarkozy en 2006 et 2007, auteur d'une loi de prévention contre la délinquance, qui n'est évidemment pas passé, dont le but était de dépister génétiquement les potentiels futurs délinquants. Sarkozy ne semblait pas posséder la patiente nécessaire d'attendre que le comportement délinquant ait lieu.

L'occasion pour nous de rappeler qu'un programme génétique n'a aucun poids sur le comportement humain. La génétique nous contraint simplement dans nos mouvements, puisqu'elle définit notre architecture corporelle et organique. Mais un comportement, c'est beaucoup plus qu'un simple mouvement. Ce mouvement doit avoir un sens, un but et être une interaction intelligible, pour être considérée comme tel.

Dans les campagnes d'aujourd'hui, le thème est passé de la délinquance, à l'islam des banlieues. Dans l'inconscient collectif, lorsque deux mots sont associés (« délinquance » associé à « banlieue »), si l'on en remplace un mot par un autre (« délinquance » par « islam »), pour une même situation (campagne électorale), alors, la trace mnésique du mot remplacé reste imprégnée dans une couche plus profonde de l'inconscient. Ainsi, pour l'islam des banlieues, le mot islam sera automatiquement connecté avec le mot délinquance, en dépit de la réalité.

L'islamo-racaille, pour reprendre la terminologie d'Alain Soral, en France, correspond au banlieusard qui a adopté les valeurs culturels de l'Amérique marchande capitaliste, avec un héritage culturel musulman, très souvent maghrébin. C'est le produit d'un multiculturalisme brouillon. S'il existait un lien entre islam et délinquance de nos jours, cela ne proviendrait évidemment pas des valeurs de l'islam, mais d'un contexte social de confusion identitaire chez les jeunes des banlieues françaises. La télévision leur montre constamment des modèles contraires à la foi et la sobriété.

Mais les témoignages sont nombreux, de délinquants repentis se convertissant à l'islam et, changeant totalement de comportement353. En revanche, cela n'explique pas pourquoi il y a un si grand nombre de musulmans dans les prisons françaises ? Peut-être, la distance culturelle et morale pourrait être une explication, mais sans expliciter nos propos, l'information qu'il nous manque très souvent avec ce genre de statistique est principalement de savoir s'ils étaient musulmans avant d'y entrer ? Car, il semblerait qu'il y ait des cellules de « radicalisation » au sein même des prisons, soit des endoctrinements institutionnels vers un islam biaisé proche des idéaux de Daesh.

Une violence certes banalisée au travers de la télévision, mais si elle se concrétise au sein de la société, cela n'est pas dû au hasard. Elle vient simplement d'une absence de savoir. L'ignorant est toujours le plus violent. Les délinquants de banlieues correspondent à la couche de la population la plus paupérisée et la moins élevée culturellement. Et ce n'est pas à travers la télévision que ces jeunes vont pouvoir s'élever socialement, intellectuellement, spirituellement, afin de devenir responsables. Bien au contraire, elle ne fait qu'empirer les choses. Nous voyons la religion comme une solution plus que nécessaire.

La théologie permet de s'inscrire dans la continuité de leur penser et de l'approfondir pour aller plus loin. Car celui qui est profondément psychopathe, ou sociopathe, et qui commet un acte criminel, ne comprend pas toujours en quoi il fait objectivement quelque chose de mal. Seule la théologie et la métaphysique permettent de discuter de la morale. Or, ce sont des domaines totalement absents de la télévision. D'ailleurs, la théologie est également inexistante dans le cadre scolaire, donc il ne faut pas être surpris de l'augmentation de la délinquance, dans les zones sensibles, qui sont les plus exposés précocement à la réalité violente du système.

( Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s'est distingué de l'égarement. Donc, quiconque mécroît au Rebelle tandis qu'il croit en Allah saisit l'anse la plus solide, qui ne peut se briser. Et Allah est Audient et Omniscient. )354

Être un musulman sincère, mais cela vaut aussi pour d'autres religions, peut empêcher de nombreuses personnes de commettre ce genre de crimes, ou de tomber banalement dans la petite délinquance de routine. Les profils psychologiques des personnes qui commettent ce genre d'actes ont pour point communs, tous sans exception, une recherche de défiance envers l'autorité. Ils peuvent être qualifiés de rebelle. En leur enseignant des notions de théologies simples, certains d'entre eux, et de par leur intelligence, seront sûrement capables de reconnaître la grandeur de Dieu, et se poser une limite qu'ils n'ont pas su trouver par manque de repère. Car, penser la vie avec ou sans Dieu, cela change totalement la conception que l'on a du fonctionnement du monde, et la manière de se comporter au sein de celui-ci. Celui qui craint Dieu et Son châtiment en cas de désobéissance, à savoir l'enfer, sera plus compréhensif et docile envers autrui, que celui qui se comportent dans la réalité comme s'il évoluait dans un univers virtuel de jeux vidéo à la GTA355.

La plupart des sociopathes, ou encore, tueurs en série en occident, est un état d'esprit qui émane en général, et malheureusement, des esprits brillants. Car en effet, la fameuse sentence : « Ne fait pas aux autres ce que tu n'aimerais pas ce que l'on te fasse », perd très vite de son sens, dans le système impitoyable qu'à créé le capitalisme. Seule la religion propose un fondement théorique logique au respect de cette formule.

Une autre raison éventuelle de la délinquance des banlieues en France, c'est l'image du policier symbolisant l'autorité du système aux yeux des jeunes. Lorsque l'univers culturel du rap, vous apprend à ne pas respecter la police, qui est censée être un corps constitué au service de la population, vous ne pouvez pas vivre en bonne entente, et dans un climat apaisé. Sans compter qu'il existe des franc-maçons à l'intérieur de la police qui soufflent sur les braises par des actes de ségrégations, généralement ordonnés par les haut placés, avec certains pions qui provoquent les banlieues et qui se prennent pour des cow-boys, en abusant de leur pouvoir d'autorité. La délinquance, et particulièrement la tension banlieue/police est entretenue et alimentée par le système, car dans un monde normal, la vigueur et la violence de ses jeunes devraient les entraîner à rejoindre ces corps institutionnels, comme l'armée, la police, etc. Or tout est fait pour qu'ils se sentent en opposition, ce qui leur renvoie de nouveau cette image de ne pas être français.

L'absence du père, et les pertes de repères, sont des facteurs importants pouvant favoriser la délinquance. Si on ne peut pas enlever le père de la famille, on peut le transformer, ou du moins modifier son image sociale présente dans l'inconscient collectif. Car il existe un véritable projet de dévirilisation du père, en s'attaquant au patriarcat, tout en dé-féminisant la femme, au travers de la culture capitaliste marchande diffusée par la télévision. Les super-héros Marvel viennent culpabiliser le Père de famille, qui ne pourra jamais être le héros dont ses enfants rêvent. La femme présentée comme réussissant socialement, ressemble à l'homme, aussi bien dans la manière de se vêtir, que dans son attitude et ses expressions verbales. Quant aux jeunes, ils sont exposés à une infinité d'idoles humaines, promouvant des comportements libéraux-libertaires, de la simple transgression sans subversion. Soit celui qui se prend pour un révolutionnaire, un rebelle, alors que ses actions s'inscrivent parfaitement dans la logique du capitalisme marchand.

La télévision a une véritable ambition de redéfinir le réel. Ou plutôt, de modeler la réalité à son image. On peut appeler cela un constructivisme social radical, « intégral » selon les propos de Lucien Cerise, voir même théologique. Le modèle patriarcal est attaqué par la culture depuis plus de deux siècles, alors qu'il devrait s'imposer naturellement pour stabiliser l'ordre social356. Rappelons que le patriarcat correspond à la détention de l'autorité par les hommes dans la sphère publique, et donc politique. Autorité ne signifie, ni domination, ni oppression. La Tradition a conçu le patriarcat par harmonie avec le naturel. Un homme est homme par ses organes génitaux qui sont orientés vers l'extérieur du corps. Il doit donc agir vers l'extérieur pour sa famille, construire la société, s'exprimer publiquement, aller travailler, etc. Une femme est femme par ses organes sexuels orientés vers l'intérieur. Elle doit s'occuper de sa famille de l'intérieur, on parle du foyer en générale, mais la confusion qu'il ne faut surtout pas faire, serait de croire que la femme se devrait de rester enfermer à la maison. Le foyer ne s'arrête pas entre quatre murs. La femme se doit de faire des activités qui contribuent au bien-être intérieur de la famille. La femme a tendance à être une conciliatrice entre les différents membres de la famille, et sait apaiser les tensions.

( Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu'Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu'ils font de leurs bien. Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs maris), et protègent ce qui doit être protégé, pendant l'absence de leurs époux, avec la protection d'Allah. [...] )357

Bien évidemment, cela ne veut pas dire que tout homme doit être ainsi, et toute femme pareillement. C'est une structure normative naturelle et universelle, dont il existera toujours des exceptions. Ces exceptions ne sont pas toujours déviantes, car des femmes peuvent agir publiquement si elles ont de vraies ambitions scientifiques, ou même politiques. Par exemple, il est nécessaire qu'il y ait des spécialistes femme de l'islam en jurisprudence. Mais ontologiquement, les femmes ne sont pas conçue pour remplir ces rôles sociaux. Et c'est là qu'agit la propagande.

Faire croire qu'un homme et une femme seraient pareils. Or, le facteur d'absence du père dans le déclenchement de risques potentiels de comportements délinquants, non observé pour l'absence de la mère, est une preuve parmi tant d'autres que le rôle des deux parents dans l'éducation des enfants est différent. Même en psychanalyse, cette idée d'intériorité et d'extériorité existe. Lors de la naissance de son enfant, la mère va rester les premiers mois en symbiose avec le nourrisson, quand le père aura le rôle d'amener progressivement l'enfant vers l'environnement extérieur, pour le détacher de cette symbiose qui, sur le long terme, peut devenir problématique pour l'enfant. La surprotection des mères pour leurs enfants a longtemps été considérée comme une cause possible de déclenchement d'autisme, même si, à ce jour, cette information semble remise en cause.

La castration symbolique du père consiste justement à supprimer ces comportements d'extériorités. L'impuissance populaire dont parle Étienne Chouard, professeur d'économie, inscrite dans la Constitution française, est une attaque de castration, dont les hommes sont principalement la cible. Puisque cela les empêche d'agir sur la sphère publique et politique, et donc, de déployer leur comportement naturel, ce pourquoi ils sont ontologiquement faits. En comprenant cela, vous comprenez que la culture médiatique, de la consommation et de la marchandisation de toute chose (y compris du corps humain), pour dénaturer l'humanité, est un programme politique.

La théorie du genre est également un constructivisme social, et une castration symbolique pour l'homme. Nier la réalité naturelle des différences corporelles homme/femme, pour reconstruire une identité sexuelle de son propre chef, pour finir par modifier la structure familiale œdipienne classique. Une confusion des genres, pour aller vers une confusion des générations. La confusion est à nouveau un phénomène d'homogénéisation du monde. Cela revient à détruire la réalité dogmatique, pour reconstruire un monde artificiel, en adéquation avec les désirs humain, et non pas avec l'univers.

La télévision efface totalement la masculinité. Il n'y a aucune virilité dans le monde de la télé, ou alors, elle se réduit à ses formes les plus primaires que sont la sexualité et la violence, ce qui vient ternir l'image de l'homme. Vous n'avez pas de modèle d'homme qui s'engage pour le bien commun, excepté dans les films fantastiques (Souvent un personnage qui doit suivre une quête, et part à l'aventure, s'engage pour le bien commun, pour sauver le monde par exemple). La virilité ne se réduit pas à de simples démonstrations de testostérone, et propos douteux, comme les nombreux films d'action hollywoodiens à n'en plus finir nous le suggèrent.

Virilité : Ensemble des qualités (fermeté, courage, force, vigueur, etc.) culturellement attribuées à l'homme adulte.

Même les femmes, dans le monde de la télévision, souvent choisies pour leur physique, se comportent pourtant très souvent comme des hommes. Peut-être pas toujours à travers les codes vestimentaires, mais elles les singent dans leur gestuelle. Si vous écoutez attentivement, en France, beaucoup de femmes qui ont des postes stables au sein de la télévision, ont très souvent une voix grave, dépourvue de féminité.

Sans compter sur cette voix presque robotisée, ce phrasé monotone inhumain, dépourvu de sensibilité, retrouvé chez chaque chroniqueur, présentateur ou journaliste, homme et femme confondu, qui a pour simple but d'uniformiser les sexes. Il faut bien comprendre que ce n'est pourtant pas un processus conscient.

L'intimité homme/femme est également très attaquée au sein de la télévision, notamment dans ses représentations. Le couple marié, qui a été la norme pendant plusieurs millénaires, est en train de s'effondrer, ce qui en dit long sur notre civilisation occidentale moderne. Le mariage n'a plus de signification dans l'inconscient collectif. L'amour est aujourd'hui considéré comme une maladie358. On pourrait évoquer les nombreux feuilletons américains d'histoire à l'eau de rose, mais surtout d'infidélités. Les sites de rencontres, faisant l'éloge du changement de partenaires, et des relations extraconjugales, comme Gleeden.com, promus à grande échelle par les publicitaires, que ce soit à la télévision, mais également étalés sur les grandes affiches dans les stations de métros parisiennes, à la vue des jeunes générations les plus vulnérables. La télévision est en train de créer des êtres humains hyper-sexualisés, des infra-humains, réduits à jouir de leur corps, et délaisser leur âme.

Le tableau ci-contre montre comment, à partir des années 70, soit la période de diffusion de la télévision dans les foyers, la sexualité est abordée de plus en plus précocement, et en des stades de plus en plus avancés, allant jusqu'au passage à l'acte de la fornication. Ils montrent également comment une norme de plusieurs millénaires peut se déplacer en quelques dizaines d'années par de la propagande visuelles comportementale.

Fornication : Relations charnelles entre deux personnes qui ne sont ni mariées ni liées par aucun vœu; péché simple de la chair.
Adapté d'après Sandra L. Caron et Eilean G. Moskey, Changes over time in teenage sexual relationships : comparing the high school class of 1950, 1975 and 2000. Université du Maine.359
1950 1975 2000 Au lycée, à quel degré parliez-vous de relations sexuelles, de contraception, de maladies sexuellement transmissibles ou de grossesse avec vos parents, votre famille ? Nous ne parlions jamais de quoi que ce soit lié au sexe 65% 50% 15% Nous parlions occasionnellement de sexualité 25% 41% 45% Nous parlions régulièrement de sexualité 10% 9% 40% Quelle affirmation décrit le mieux vos expériences sexuelles au lycée ? Je ne pensais pas au sexe 25% 2% 6% J'ai embrassé quelqu'un 41% 9% 3% Je suis « sorti » avec quelqu'un 10% 24% 22% J'ai eu des relations sexuelles à 1-3 occasion(s) 8% 13% 11% J'ai eu des relations sexuelles plus de 3 fois 16% 52% 58%

Et cela empire depuis qu'internet est présent dans les foyers. On pourrait croire qu'Internet serait différent de la télévision, puisque l'homme peut agir sur la toile. Il peut être maître de cet outil. La télévision n'est pas démocratique. Elle décide elle-même des contenus diffusés, et l'individu n'a que le choix de zapper sur un bouquet de chaînes pré-établis, un peu comme pour les élections présidentielles. Internet est différent dans le sens où nous pouvons créer nous-mêmes nos programmes sans attendre la permission ou l'avis de quiconque. Sans censure. C'est le peuple, ou les internautes pour être précis, qui décident du succès. Bien évidemment, les lobbys peuvent toujours agir sur internet, mais sont légèrement moins efficace, car ils seront très vite dénoncés et exposés.

Mais nos actions internet ne peuvent rien face aux faiblesses des hommes. Aujourd'hui, un spam, un mail, une publicité intempestive, peu surgir de nul part sur votre écran d'ordinateur, et vous montrer des images auxquelles vous ne souhaitez pas avoir à faire, ou que vous n'avez pas demandées. Ce sont les côtés fascistes d'internet. Et ce genre de contenu renvoi très souvent à la sexualité très intime (et parfois aux arnaques financières).

Le « cinéma » pornographique est le véritable fléau d'internet. Entièrement disponible gratuitement en quelque clic et mot clé. Le porno dissocie l'acte sexuel de l'amour, et ré-associe le premier avec le simple désir. Et cela va se reproduire dans la société puisque si vous regardez la télévision française en 2016, la dernière mode est de nous faire croire que ce serait normal d'avoir un ou une, ou plusieurs, sex-friend (un partenaire humain destiné uniquement à l'activité sexuelle, on pourrait simplement dire un partenaire masturbatoire pour reprendre les propos de Jacques Attali).

Or, la pornographie agit comme une véritable addiction sur le système de récompense chez l'individu360. Contrairement aux apparences, les femmes ne sont pas moins affectées par elle. Pire encore, non seulement, statistiquement, elles regardent autant que les hommes, mais elles sont celles qui sont les plus attirées pour tourner ce genre de films comparés aux hommes. En d'autres termes, dans l'histoire de la pornographie, il a existé plus de « modèles » femmes que de « modèles » hommes. Sur certains sites pornographiques d'aujourd'hui, pour dix hommes, vous avez entre 100 et 1000 femmes361.

{ Selon Ousàma, le Messager de Dieu a dit : « Je me suis tenu debout devant la porte du Paradis et voilà que la majorité de ceux qui y entraient étaient les pauvres, tandis que les riches attendaient encore qu'on les y autorise. On donna cependant l'ordre de jeter en Enfer ceux qui y étaient destinés et voilà que la majorité de ceux qui y entraient étaient les femmes ». }362

Sans compter que les stéréotypes de genre sont les plus poussés dans ce genre de film. Ce n'est pas pour rien que les Porn Studies sont corrélés avec les Gender Studies, et bien souvent, associées à la notion de liberté sexuelle chez la femme. Pourtant, dans la majorité des films pour adulte, la représentation est à la femme soumise, esclave de tous les désirs de l'homme qu'elle doit satisfaire, quand ce dernier est en état de domination totale et perpétuelle363. Donc non seulement, c'est une dégradation morale envers soi de réaliser ce genre de film, mais de plus, cela affecte l'image des autres femmes dans l'inconscient collectif.

Le plus inquiétant est cette association entre le porno et la soi-disant ouverture d'esprit que cela représenterait. Cela nous est souvent présenté comme quelque chose de progressiste, alors que bien au contraire, c'est une régression comportementale364. La femme est exposée comme un vulgaire objet, une marchandise sans âme. C'est la première valeur de toute l'humanité qui est bafouée à grande échelle, à savoir la pudeur de l'être humain. La première des choses que Adam et Ève ont fait après avoir péché, c'est de s'être couvert le corps. Depuis que leurs corps dénudés aient été réciproquement dévoilés, l'humanité vie couverte, et cela, dans toute civilisation. La pornographie, c'est exactement l'absence de ce tout premier comportement de pudeur, qui fait l'humain, contrairement aux animaux, qui n'ont pas la capacité de se vêtir eux-mêmes.

Le porno serait progressiste sous prétexte que la sexualité dépravée et déviante, donc nouvelle, et particulièrement en dehors des cadres du mariage, serait un accès à plus de liberté, à un plaisir nouveau (donc un progrès pour la masse). C'est l'idée principale qui est véhiculée, notamment sur le site Gleeden, qui insiste ouvertement sur la rencontre à caractère adultère et transgressive à l'encontre du mariage.

Un autre phénomène très grave qui se passe depuis seulement quelque temps dans notre époque moderne, c'est cette hyper-sexualisation précoce365. Le fait que les images pornographiques soient aujourd'hui à la portée de n'importe quel clic de souris, par les plus jeunes, leur fait accéder à des « informations », mais surtout des images, dont leur esprit et leur corps ne sont, respectivement, psychologiquement et physiologiquement pas assez matures pour y être exposés366. Des déclenchements hormonaux trop précoces, ajouté d'une alimentation qui peut avoir les mêmes effets et amplifier le phénomène, on se retrouve alors aujourd'hui avec des jeunes filles qui ont leur règle avant 10 ans, alors qu'il y a deux siècles, la moyenne était de 17 ans. Sexualiser l'esprit de l'enfant est la pire des choses pour le mener vers l'irresponsabilité future, et détruire sa vie367. Si la télévision a un rôle secondaire en France, concernant le cinéma pornographique, on ne peut pas en dire autant pour l'hyper-sexualisation. Son rôle est primordial, car une simple exposition à des publicités perverses, ou des clips musicaux subliminaux peut faire ce travail de perversion sur l'enfant. Comme le témoignage de cette coiffeuse, qui découvre sa petite fille de 4 ans en train d'embrasser sa peluche sur la bouche en tournant sa langue, parce qu'elle avait été exposée à un simple clip musical de trois minutes à la télévision.

( Et, parmi les hommes, il est [quelqu'un] qui, dénué de science, achète de plaisants discours pour égarer hors du chemin d'Allah et pour le prendre en raillerie. Ceux-là subiront un châtiment avilissant. )368

Et cette sexualité causée par l'idéologie marchande du plaisir de la chaire, va également s'inscrire dans l'urbanisme de la société. Ce qui semblait révolu, revient à grand pas dans notre civilisation, comme la légalisation du paiement en nature (comprendre, en rapport sexuel), des cabines de masturbation se mettent place dans les grandes villes, ou encore, des maisons closes, qui sont souvent des asservissements de femmes pour rembourser des dettes (ce qui rejoint notre premier exemple).

D'un point de vue religieux, ce que l'on doit comprendre, c'est que le péché qui est sensé être une chose intime à l'homme, une chose dont il devrait avoir honte, et qu'il ne devrait commettre uniquement dans la sphère privée, se retrouve aujourd'hui inversé, et en pleine place publique. Le mot d'ordre est aujourd'hui au pur laisser-aller libidinal, ce qui se traduit concrètement par un sentiment de déresponsabilisation chez le dégénéré.

Cette indécence devrait évoquer pour le croyant musulman des signes mineurs de la fin des temps. La démocratisation de la pornographie sur des places publiques et du meurtre de masse ou d'attentats, sont les deux faces d'une même pièce, et sont d'une équivalence morale.

{ [...] Pendant que cela aura lieu, Allah enverra un vent qui saisira l'âme de chaque croyant, en laissant le reste du peuple copuler publiquement comme la copulation des ânes. Et Sur eux l'Heure commencera. }369

Nous constatons donc une véritable involution dans ce que nous propose la société dans nos choix de vie, que ce soit dans la manière de gagner sa vie, sa philosophie de vie, ses projets de vie, ses ambitions, son identité, sa sexualité, sa personnalité, ses attentes, ses rêves. Et cela, se répercute clairement et automatiquement sur les mœurs des hommes.

( Et tu verras beaucoup d'entre eux se précipiter vers le péché et l'iniquité, et manger des gains illicites. Comme est donc mauvais ce qu'ils œuvrent ! )370

Si notre vision du monde est corrompue, distordue par les illusionnistes de la propagande, au travers de la télévision qui est leur instrument le plus efficace, alors vous serez en désharmonie avec le réel, avec l'univers, et il sera d'autant plus difficile de redécouvrir Dieu, ou d'être en adoration. Et sans Dieu dans le cœurs des hommes, l'unité et la diversité du monde risquent d'être mises à mal.

Tome IV - La Psychologie | Chapitre 4 - Télévision, de la Décadence à l'Indécence

Tome IV - La Psychologie | Chapitre 4 - Télévision, de la Décadence à l'Indécence