Tome IV - La Psychologie

Chapitre 1 - La Science de l'Âme

par Anthony Ghelfo 2016

Introduction


Aurore boréale

Selon les différentes disciplines, l'Âme peut prendre plusieurs appellations (l'Être, le Soi, le Moi, l'Esprit, la Psyché, l'Ego, etc). Cela dépend de l'angle sous lequel nous souhaitons l'étudier et de ce que nous cherchons à démontrer. Mais rarement le mot « âme » en tant que tel est utilisé dans la littérature scientifique, car c'est une notion beaucoup trop liée à la mystique. Seuls quelques psychanalystes et psychologues théoriciens y font parfois allusion, cependant on est toujours très loin des conceptions que s'en font les théologiens et les philosophes.

Et si cette notion est si contestée par le monde moderne, notamment par le physicalisme, qui postule qu'il n'y a de réalité que physique et immanente, c'est notamment du fait de l'incroyable divergence dans la conception de l'Âme, et l'incapacité pour les savants, philosophes, théologiens de tout bord d'en saisir une définition claire. Et les savants musulmans n'y font pas exception.

Selon le Coran, l'homme est investi de deux éléments immatériels, que sont le « Nafs » et le « Rouh ». Les traducteurs ont traduit l'un par Esprit, l'autre par âme, en inversant parfois par libre interprétation, sans suivre de logique. Sans retour à la langue originale du Coran, les traductions françaises et anglaises ne nous permettent pas de faire la distinction. La réalité de ces deux notions est tellement complexe qu'il est difficile d'en saisir leur articulation et leur lien, si bien que les théologiens les ont parfois confondues. D'aucuns pensent qu'il s'agirait de deux mots qui désigneraient une seule et même chose. Pourtant, si nous faisons une analyse coranique complète, il semblerait que les contextes d'utilisations des mots diffèrent significativement.

En vous épargnant les détails , Rouh est la partie la plus transcendante de l'Âme. Il est le Souffle de vie, une partie de Dieu, qui donne la vitalité aux êtres vivants, les distinguant des êtres inanimés. Il correspond également à la partie de la structure de l'intellect, l'inspiration, l'intuition, le raisonnement. Il est aussi lié à la saine nature (Fitra) et à la Lumière (Nûr) de Dieu. C'est la partie commune à tous les hommes, et qui les lient à leur Créateur. Le Rouh d'une personne à l'autre ne varie qu'en quantité.

(28) Et lorsque ton Seigneur dit aux Anges : « Je vais créer un homme d'argile crissante, extraite d'une boue malléable, (29) et dès que Je l'aurais harmonieusement formé et lui aurait insufflé Mon souffle de vie [Ruhi], jetez-vous alors, prosternés devant lui ».
— Coran 15:28-29

En revanche, le Nafs diffère qualitativement d'une personne à l'autre. Il est unique à chacun, correspondant à l'identité d'une personne. C'est aussi la partie qui permet le libre-arbitre, le jugement, mais également les souvenirs, les sentiments, les humeurs et les émotions. Et enfin, concernant toujours le Nafs, il correspond à la dimension morale, à l'ego sujet au passion terrestre et à la pureté du cœur (Qabl).

(7) Et par l'âme [Nafsin] et Celui qui l'a harmonieusement façonnée; (8) et lui a alors inspiré son immoralité, de même que sa piété ! (9) A réussi, certes celui qui la purifie. (10) Et est perdu, certes, celui qui la corrompt.
— Coran 91:7-10

Au travers de ces deux notions, nous avons essayé de rassembler toutes les qualités du psychisme humain. Le Rouh est la partie la plus céleste, quand le Nafs est la partie la plus terrestre de l'Âme. Elles ont une part d'influence réciproque. Lorsque nous utiliserons le mot « Âme », sans autre précision, cela regroupera les deux notions, désignant ainsi la partie invisible de l'homme. Dans le langage commun, l'utilisation de l'expression « les passions de l'âme », fait généralement référence au Nafs. Cette Âme en deux parties permet de résoudre de nombreux débats théologiques, notamment sur son immortalité, ou encore, sa destinée. Au travers de ce premier chapitre, nous allons essayer, à l'aide de ces deux concepts, de montrer les signes de l'existence de l'Âme, ainsi que son rôle chez l'être humain. Mais avant cela, nous devrons faire une précision sur notre conception de la réalité psychique.

Entre Conceptions Moniste et Dualiste du Réel ?


L'Âme désigne la partie spirituelle de l'homme. Une composante immatérielle à l'origine de la psychologie humaine ne fait pas consensus au sein de la communauté scientifique.

Grâce aux technologies d'imagerie cérébrale, en neuroscience particulièrement, de nouvelles techniques se sont développées afin de détecter les activités du cerveau. Ainsi, pour telle tâche cognitive réalisée, une ou plusieurs zones neuro-cérébrales correspondantes vont être mises en activité. On est aujourd'hui capable de détecter l'activité électro-chimique du cerveau. Cependant, en raison de ces avancées, certains chercheurs et professeurs en neuroscience cognitive commencent à émettre les postulats que René Guénon redoutait tant : le déni du caractère spirituel de l'homme, la suppression de l'Âme dans son explication psychologique, qui se traduit par une prétention à mettre fin au dualisme cartésien.

Dualisme : Système de croyance ou de pensée qui, dans un domaine déterminé, pose la coexistence de deux principes premiers, opposés et irréductibles. (Descartes créa le dualisme du corps et de l'âme)

L'auteur peut en témoigner, détenteur d'une licence en psychologie, il a participé à un cours magistral de psychologie cognitive en 2012, à l'université Paris Descartes, conduit par le Professeur Olivier Houdé, qui affirma sans l'ombre d'un doute, la prétention à la fin du dualisme de René Descartes. Et cela au nom de résultats obtenus à l'aide de la Tomographie par Émission de Positrons et de l'Imagerie par Résonance Magnétique fonctionnelle, qui sont deux techniques de neuro-imagerie, et qui, selon les dires du concerné, effaceraient d'un trait les positions du philosophe français de la Renaissance. Cette affirmation formulée dans le pays de Descartes n'est pas sans gravité, puisqu'elle suppose la conversion des esprits au physicalisme, matérialisme le plus poussé de la science, pour qui tout phénomène doit recevoir une explication physique, y compris le psychisme. On va démontrer à travers quatre points, que cette assertion est fausse :

  • La première contradiction flagrante, est que l'âme selon Descartes était également la substance du vivant. Or, nous l'avons démontré dans notre ouvrage précédent, et tous les biologistes sont d'accord pour dire que la vie est toujours inexplicable aujourd'hui. Nous sommes dans l'incapacité de recréer la vie à partie de l'inerte. Associer un corps avec tous les organes fonctionnels ne donnent pas un être vivant. De plus, on ne peut pas faire revivre une personne une fois morte en lui greffant un nouveau cœur. Et cela, selon l'islam est normal, car la vie ne peut être sans le Rouh (le souffle de Dieu).

    Ô hommes ! Une parabole vous est proposée, écoutez-la : « Ceux que vous invoquez en dehors d'Allah ne sauraient même pas créer une mouche, quand même ils s'uniraient pour cela. Et si la mouche les dépouillait de quelque chose, ils ne sauraient le lui reprendre. Le solliciteur et le sollicité sont [également] faibles ! »
    — Coran

    Réduire l'âme aux processus cognitifs et au domaine de l'esprit, n'est donc pas, en premier lieu, une démarche très honnête. Cela revient à mettre de côté la partie de l'âme qui donne la vitalité au corps.

  • Le deuxième élément, est que Descartes, dans son dualisme de séparation entre le corps et l'esprit, n'a jamais renié l’interaction entre les deux, mais à formuler une ignorance sur ce sujet. Le fait que nous ignorons comment l'âme interagit avec le corps, ne signifie pas que cette interaction n'existe pas. L'âme est du champ de l'invisible, et le Coran nous rappelle, qu'appartenant à ce domaine, l'âme relève de l'Ordre du Seigneur, Et on ne vous a donné que peu de connaissance (Coran 17:85). Ainsi, cette interaction entre l'âme et le corps restera parmi les rares éléments inexplicables à la science des hommes.

    « Le conflit entre la nature et l'esprit n'est que la traduction de l’essence paradoxale de l’âme : elle possède un aspect physique et un aspect spirituel qui ne paraissent se contredire que parce qu'en dernier ressort, nous ne saisissons pas son essence. Chaque fois que l’entendement humain veut appréhender quelque chose qu'en dernière analyse, il ne comprend pas et ne peut pas comprendre, il doit (s'il est sincère) pour en saisir quelques aspects se soumettre à une contradiction et scinder son objet en des apparences opposées. Le conflit entre l'aspect physique et l'aspect spirituel ne fait que démontrer que le psychique est au fond quelque chose d’inimitable. »
    — Carl G. Jung
  • Ensuite, nous rappelons que le corps, selon Descartes, désigne toute la partie matérielle de l'homme, y compris ses organes. Le cerveau est donc bien toujours le corps, et correspond à son activité matérielle. Le fait de constater une activité neuro-chimique du cerveau, ne remet donc pas en cause la partie spirituelle émise par le dualisme cartésien.

  • Pour finir, nous formulerons le point le plus important de notre avis. Il consiste à rappeler que le dualisme cartésien n'est pas fondamentalement contradictoire avec un monisme dialectique, et tout est une question de point de vue. Le monisme dialectique n'est vrai que s'il se positionne en métaphysique, adoptant un regard transcendantal sur la réalité. Puisqu'au final, selon l'islam, Dieu (l'Unicité) est à l'origine de toute chose (la multiplicité). Ainsi, retrouver Dieu consiste à retrouver le monisme dialectique universel qui dépasse toutes les frontières. En revanche, le dualisme cartésien n'est vrai qu'au travers de l'immanence, c'est-à-dire de la condition de l'homme. Pour décrire la réalité matérielle de la vie d'ici-bas, nous sommes contraints de recourir à la multiplicité, et en dernière instance, au dualisme. S'il y a bien une différence de nature entre l'âme et le corps, et que la première ne semble pas être accessible à la science, les deux éléments restent tout de même, selon l'islam, des créatures de Dieu. En catégorisant de cette manière, on retrouve le monisme.

Monisme : Tout système philosophique qui considère l'ensemble des choses comme réductible à l'unité: soit au point de vue de leur substance, soit au point de vue des lois (ou logiques, ou physiques), par lesquelles elles sont régies, soit enfin au point de vue moral.

Les activités neuronales n'expliquent donc pas la conscience, et celles-ci n'en sont pas la cause. Le cas contraire reviendrait à dénier tout libre-arbitre. La conscience est la volonté première, c'est elle qui engendre l’activité et pas l'inverse. C'est-à-dire qu'il y a nécessairement une entité immatérielle autre que le cerveau qui joue le rôle de premier agent. Rien dans le corps humain n'explique les affects, mais on ne peut en distinguer que leurs conséquences. Ce n'est pas parce que notre cœur se met à battre fort que nous tombons amoureux, mais plutôt parce que nous tombons amoureux que notre cœur se met à battre fort, et à secréter les hormones nécessaires. Les sentiments ne sont pas qu'une question de chimie, car il est évident que l'action précède la sécrétion hormonale. Notre cœur n'a aucune raison de se mettre à battre fort avant de percevoir l'être aimé(e). Et ce phénomène est un exemple concret que l'âme agit sur le corps, même si nous ignorons comment. Il ne faut surtout pas inverser les causes et les effets.

« Quand le sage désigne la lune, l'idiot regarde le doigt. »

Selon cette expression populaire, l'âme serait la lune, les résultats que montre l'imagerie cérébrale seraient le doigt, la méthode (la technique d'imagerie cérébrale utilisée) serait le sage, et l'idiot est celui qui regarde le doigt au lieu de regarder la lune. Et malheureusement, des professeurs universitaires, chercheurs et doctorants, regardent trop souvent le doigt.

Pour faire une autre analogie plus simple et concrète, cela reviendrait à dire que la source à l'origine de l'eau sortant de nos lavabos serait dans les canalisations. Or la source est en amont de ces dernières. Le cerveau n'est que canalisation, il n'est pas la source des opérations de l'esprit. Il n'y a aucune trace d'algorithmes dans le cerveau, et il n'est pas une simple machine programmée. Cette confusion est en réalité la conséquence logique des positions trop mécanistes de Descartes.

Nous voyons le cerveau comme une sorte d'antenne, c'est-à-dire que les opérations se font dans l'âme, et le cerveau ne donnent que la perception, la visualisation et la sensation de réaliser les opérations. Le cerveau n'est qu'un simple vecteur pour l'âme.

« Personnellement, après des années d’efforts pour expliquer l’esprit sur la base de l’action du cerveau seulement, je conclus qu’il est plus simple (et plus logique) d’adopter l’hypothèse que notre être comporte deux éléments fondamentaux [le cerveau et l’esprit (ou l’âme)]… Parce qu’il semble certain qu’il est tout à fait impossible d’expliquer l’esprit sur la base d’une action neuronale au niveau du cerveau… je suis obligé de choisir la proposition qui établit que notre être s’explique par deux éléments fondamentaux. [Cerveau et esprit, ou corps et âme] »
— Wilder Penfield

L'islam est donc capable de concilier monisme et dualisme. D'une part, un monisme spirituel et vertical, à la recherche de l'Unicité de Dieu, à l'origine de toute chose existante, et d'autre part, un dualisme terrestre et horizontal, décrivant les affaires terrestres des hommes, comme par exemple faire la distinction entre le vrai et le faux, ou faire la distinction entre le bien et le mal.

Le symbole du Yin et du Yang (appelé aussi taijitu) traduit parfaitement la position de l'islam. Le dessin semble présenter deux parties distinctes, une partie blanche et une partie noire, représentant la dualité. Mais cette dualité est contenue dans un seul et même cercle. Or le cercle est le meilleur symbole de l'unicité. Il est indépendant de la limite qui sépare la partie noire de la blanche. Il représente ici la conception moniste. Ce qu'il faut donc comprendre est que le dualisme est une composante d'un niveau inférieur du monisme dialectique, même si cela peut nous paraître contre-intuitif.

Si nous faisons cette mise au point sur notre vision du réel, c'est parce qu'elle risque d'être déterminante dans notre conception du psychisme, et particulièrement dans la mise en évidence du Nafs et du Rouh.

Tableau 1 : Nafs (terrestre) vs. Rouh (céleste).

Monisme (transcendant) Dualisme
L'Unicité La Multiplicité
Dieu EST Unique Dieu A LES plus beaux noms
Être Avoir (plusieurs choses)
Ésotérisme (Aucune divergence d'interprétation, les versets universels du Coran) Exotérisme (Divergence d’interprétation, les versets juridiques du Coran)
Astres Émetteur (Soleil, Étoiles) Récepteur (Lune, Terre)
Oumma (Transcendante), L'observance obligatoire des cinq piliers de l'islam pour tous les musulmans du monde Oumma (Immanente), La politique d'un pays à l'autre diffère. Applications différentes des droits et devoirs des musulmans selon les nations.
Humanité, Tous égaux devant Dieu Différences physiques, Inégalité devant la nature. (genre, taille, poids, couleur de peau, etc.)
Créatures de Dieu Créatures Visibles et Invisibles / Ex : Corps et Âme.
Verticalité Horizontalité
Transcendance Immanence
Harmonie Paradoxe/Contradictions
Inné Acquis
Métaphysique Physique
Rouh (l'Esprit) Nafs (l'Âme)

Le physicalisme correspond à une sorte de conception moniste immanente, consistant à nier une partie de la réalité. Dans le tableau, il serait une moitié du dualisme, c'est-à-dire, qu'il nierait totalement l'existence de la colonne de gauche (métaphysique), et n'accepterait qu'une moitié de la colonne de droite, la plus matérielle dans le cas présent, le corps au détriment de l'Âme. Le physicalisme correspond à une œillère et un pas en arrière de plus pour la Science. L'évolutionnisme est également une sorte de monisme immanent.

Nous verrons les raisons qui peuvent amener au déni de la partie la plus noble de l'Âme, constituée par le Rouh, et notamment, comment sa perception peut être altérée par les différentes dimensions du Nafs.

Les Signes de l'existence de l’Âme ?


Une fois cette critique établie, qui nous tenait à cœur, il nous faut discuter des signes de l'existence de l'âme. Or, comme toute chose immatérielle, non-physique, nous n'aurons que des signes et des faisceaux d'indices, nous permettant d'inférer son existence par déduction, et non jamais comme une preuve empirique classique directement accessible à nos sens traditionnels.

L'Âme agit sur le corps, par un moyen ignoré de la science des hommes, puisqu'elle est du domaine de l'invisible. Le corps n'est que son outil. Si l'âme est malade et que le corps se porte bien, il est possible qu'il y ait psychopathologie, c'est-à-dire, maladie sans cause organique. Lorsque le corps est en mauvaise santé, il peut altérer le bon fonctionnement de la manifestation de l'âme et sa capacité à communiquer avec celle-ci. Lorsque le corps meurt, l'Âme ne peut plus se manifester à travers lui. Mais elle existe toujours, selon l'islam, car c'est une entité immortelle. Elle n'a besoin du corps que pour sa survie terrestre.

Si le Traité De L'Âme d'Aristote a été longtemps repris et commenté, notamment par les savants musulmans, c'est en raison de sa clarté dans la mise en évidence des signes de manifestations de l'Âme à travers le corps. Nous ne reprendrons pas la même terminologie qu’Aristote, puisque pour lui, l'âme se distinguait en quatre parties, alors que l'islam n'en compte traditionnellement que deux. Nous mettrons justement en évidence l'existence de ses deux éléments que sont le Nafs et le Rouh, dans lesquels on peut retrouver certaines distinctions faites par Aristote, et on essaiera de faire concorder avec quelques notions de psychologie moderne. La liste des signes que nous exposerons est non-exhaustive, et est le fruit de notre propre réflexion.

Mise en évidence de l'Esprit (Rouh), le Souffle Divin.

L'Esprit est la partie à tendance innée, mais nous développerons notre propre point de vue sur l'innéité telle que nous l'entendons dans l'article suivant. En psychologie moderne, la partie innée a tendance à être limitée à la génétique ou à l'hérédité. Or, selon l'islam, il y a une part d'innéité de type spirituel constituée par le Rouh. Elle est la partie commune à tous les hommes, mais partagée également avec les animaux et les plantes. Nous en compterons quatre signes.

  1. Le mouvement volontaire, intentionnel (irada) est le premier signe. S'il y a bien une chose qu'un nouveau-né n'a pas besoin d'apprendre, c'est à bouger son corps. Cela peut paraître trivial de le rappeler, mais aucun stimulus extérieur n'oblige le nourrisson à bouger ces membres, à l'opposé des réflexes qui sont involontaires. Lorsqu'un médecin percute son marteau sur votre ligament rotulien, votre jambe s'étend au dépens de votre volonté. L'âme n'y est pour rien, car c'est une réaction entièrement mécanique. Il est évident que les premiers mouvements du bébé ne sont pas des réflexes de ce type. Parmi ces mouvements innés, figure la succion, permettant au bébé de s'allaiter au sein de sa mère, possible dès les premières heures. Comme si l'âme poussait celui-ci à se nourrir, sachant qu'elle aura besoin de ce corps pour vivre dans ce monde. On expliquera comment cela est possible grâce à la fitra, car le libre-arbitre du bébé est très limité. On retrouve le mouvement chez les animaux, ce qui témoigne de l'Esprit présent. Le mouvement est moins observable chez les plantes, cela simplement pour des raisons anatomiques évidentes, mais certaines d'entre elles sont tout de même capables de se déplacer lentement dans la terre, à l'aide de leur racine. Nous rappelons que tout mouvement n'est pas obligatoirement signe de vie, c'est le cas des machines robotiques par exemple. Tout comme l'absence de mouvement ne désigne par forcément l'absence de vie. Mais c'est la composante volontaire du mouvement qui constitue un premier signe de l'existence de l'âme.

    Dieu est la Première des Causes de l'univers, grâce à Sa Volonté. En nous accordant une partie de celle-ci, nous sommes capables d'être notre propre première cause, grâce au Rouh.

  2. Le second signe est l'intellect ('aql), et en particulier la logique. Les enfants sont logiques, sans qu'ils n'aient besoin d'en connaître les règles. Tout comme pour le mouvement intentionnel, personne n'apprend à l'enfant comment penser avec droiture, et pourtant, il le fait naturellement de manière innée et juste. D'après Karen Wynn, professeur de psychologie cognitive, dès 4 mois, le bébé est capable de détecter les erreurs de mécaniques physiques (ex : un objet qui ne tombe pas alors qu'il n'est plus sur un support physique, violation de la loi de la gravitation), ou encore les erreurs d'opérations mathématiques sur de faibles nombres (ex : faire apparaître ou disparaître un objet, violation des opérations arithmétiques ). Cela ne veut pas forcément dire que l'enfant comprend totalement l'erreur, mais il comprend plutôt que quelque chose d'anormal (d'illogique) s'est produit. L'enfant continue tout de même à faire des erreurs simplement parce que l'environnement est trompeur par nature, mais aussi à cause de l'immaturité de son cerveau et de ses connaissances. De même pour les animaux dotés d'activité cérébrale, ils semblent présenter une partie de cette logique. Cela peut s'observer lorsque vous feintez de lancer une balle à un chien. Celui-ci est capable de prédire la trajectoire mécanique de la balle avant même de l'avoir lancé, ce qui prouve qu'ils sont capables de faire des prédictions de mécanique physique tout comme le bébé.

  3. Le troisième signe de l'Esprit est l'apprentissage. Le fait que le monde extérieur nous envoie des informations au travers de nos sens, et que nous les retenions, sans processus conscient. Cela est lié aux mémoires dites implicites. Il existe plusieurs types de mémoires, utiles à différents types de connaissances. Les mémoires explicites, destinées à l'expression verbale est spécifique à l'homme, seront liées à l'âme (Nafs). Parmi les mémoires implicites, il existe une mémoire qui sert à retenir mécaniquement les mouvements du corps répétés. C'est la mémoire dite procédurale. C'est le simple savoir-faire qui s'apprend au contact de l'expérience : par exemple apprendre à faire du vélo, ou encore à nager. Ce sont les connaissances non-verbales, que l'on ne pourrait pas décrire, ni formuler dans un livre.

    Il nous serait impossible d'acquérir l'apprentissage, si à l’origine nous n'aurions pas déjà la faculté d'apprendre.

    L'enfant n'a pas besoin à la naissance d'apprendre à apprendre. Nous « stockons » des informations de manière tout à fait naturelle et innée. Il n'existe aucun endroit dans le cerveau réservé à la mémoire, qui servirait d'espace de stockage à l'information. Les neurones jouent un rôle secondaire, comme simple empreinte, et leur activité ne correspond qu'aux mémoires implicites. L'âme manifeste plus facilement les empreintes neuronales les plus marquées (les plus répétés). C'est ce qui fait que vous ne pouvez pas vous rappeler de quelque chose que vous n'avez jamais perçu, et qu'au contraire, vous vous souvenez mieux et plus rapidement des choses auxquelles vous êtes habitués.

    Nous partageons la mémoire procédurale avec les animaux, car c'est celle que nous utilisons le plus étant bébé, encore dépourvu de langage. Cette mémoire s'occupe des informations qui n'ont pas besoin d'être retranscrites en idée dans l'âme. La mémoire procédurale est équivalente à la mémoire corporelle, ou comportementale. Les animaux n'ont donc que cette mémoire procédurale, liée à plusieurs mémoires sensorielles (mémoire visuelle, olfactive, iconique, plus développé que chez les humains). Ils n'ont pas accès au monde des idées, donc pas de mémoire explicite, mais étant doté de l'Esprit, les animaux possèdent cette forme d'intelligence qu'est l'apprentissage.

  4. Le quatrième signe est l'absence d'entropie de l'Esprit. Tout ce qui est matériel, selon le deuxième principe de la thermodynamique, fini par se dégrader. Or, il est clair que l'Esprit chez l'homme ne se dégrade pas, même s'il donne l'illusion d’obéir à cette loi.

    Chez les personnes âgées les plus savantes et éclairés, empreintes de sagesses et de spiritualités, elles savent que leur corps leur fait défaut, mais leur Esprit est parfois toujours aussi clair et vif. Le corps étant soumis au principe d'entropie, sa faculté de communication avec l'âme se détériore au fil du temps. Ainsi, le corps ralentit, et ralenti sa connexion avec l'âme, mais cette dernière est intacte. Elle peine à se manifester, comme dans les cas d'aphasies que nous verrons plus bas. Du fait que l'Esprit soit une partie de la Volonté de Dieu, il ne s'essouffle pas, contrairement à toutes les autres créatures.

    Un deuxième élément prouve cette distinction entre le corps et l'Esprit. Le corps humain est fait de milliards de cellules, qui se dégradent en raison d'un phénomène appelé apoptose. L'apoptose est le processus de mort naturelle programmée des cellules. Toutes les cellules de notre corps meurent et sont renouvelées plusieurs fois au cours de notre vie. Seules les cellules neuronales, pour la mémoire procédurale, échappent à cela, ainsi, vous ne perdez pas vos savoir-faire, qui, rappelons-le, sont entièrement corporelles. En revanche, l'acuité de vos savoir-faire est affectée par l'entropie, car celle-ci dépend des dispositions du corps.

    « Qu’est ce qui donne à une personne son identité individuelle ? Est-ce, dans une certaine mesure, les atomes qui composent son corps ? Son identité dépend-elle du choix particulier des électrons, protons, et autres particules qui composent ces atomes ? Il y a au moins deux raisons pour lesquelles cela ne peut être ainsi. En premier lieu, il y a un renouvellement continu au niveau des cellules qui composent le corps de toute personne vivante. Cela s’applique en particulier aux cellules du cerveau humain, malgré le fait qu’aucune nouvelle cellule n’y est produite après la naissance. La grande majorité des atomes de chaque cellule vivante (y compris chaque cellule du cerveau) – et, pratiquement, tout le matériel qui compose notre corps — est remplacé plusieurs fois depuis la naissance. La deuxième raison vient de la physique quantique… Si un électron appartenant au cerveau d’une personne était échangé contre un électron provenant d’une brique, l’état du système serait exactement le même qu’il était auparavant ; on n’y verrait aucune différence ! Il en va de même pour les protons et pour toutes les autres particules, pour tous les atomes, les molécules, etc. Si tout le contenu matériel d’une personne était échangé contre les particules correspondantes des briques de sa maison, au sens le plus fort du terme, rien ne changerait. »
    — Roger Penrose

    La structure de l'identité psychique d'une personne est la même du début à la fin. Nous parlons là, du socle de l'identité, et non pas de l'identité en elle-même qui peut évoluer. Si cette structure était matérielle, elle serait totalement influencée par l'activité du corps, et nous n'aurions pas de mémoire à long-terme. Or, c'est évident que ce n'est pas le cas. Le fait que cette structure ne soit pas liée au corps, nous rappelle les propos de Malcolm X, que nous avons exposé dans notre premier livre, rappelant que l'apparence physique devrait être insignifiante à la construction psychique.

Mise en évidence de l'âme, de l'ego (Nafs).

L'âme est la partie plus portée sur l'acquis et l'évolution de l'individu. Elle est beaucoup plus identifiable chez l'adulte. Les animaux et les plantes n'ont pas de Nafs, ils ne devraient donc pas présenter ces signes, mais nous émettrons des réserves, car tous les signes de l'âme interagissent avec le Rouh. En raison de mécanismes de projections, lorsque nous sommes attachés affectivement aux animaux, nous leur attribuons parfois plus de qualités qu'ils n'en présentent en réalité.

Projection : (1) PSYCHOL. Manière personnelle de voir le monde extérieur au travers de ses habitudes de vie, de pensée, de ses intérêts.
(2) PSYCHANAL. Mécanisme de défense qui consiste à localiser chez autrui, de manière inconsciente, et pour s'en protéger, des idées, des affects perçus comme un danger par le Moi.

L'âme correspond aussi, dans l'islam en particulier, au degré d’égocentrisme.

  1. Le premier signe est la science, le savoir ('ilm). La science acquise au moyen de l'expérience imprègne votre âme. Une partie de la mémoire est liée à celle-ci, comme nous l'avons dit plus haut, c'est le cas des mémoires explicites. Parmi celles-ci, la mémoire déclarative est réservée aux souvenirs, aux événements personnels et chronologiques, c'est-à-dire, s’inscrivant dans le temps. Cette mémoire est spécifique à l'être humain, tout comme la mémoire sémantique.

    Dans les pathologies cérébrales, le cerveau est endommagé et l'âme peine à s'exprimer. C'est très identifiable dans les cas d’aphasies, notamment lors d'une lésion dans l'aire de Broca, une région du cerveau spécifique au traitement du langage.

    Aphasie : Altération plus ou moins profonde de la fonction du langage, sans paralysie des organes de l'articulation, chez un individu atteint de lésion des centres nerveux, et qui se manifeste par la perte plus ou moins totale de la compréhension et de l'usage des signes linguistiques, parlés ou écrits.

    Le sujet atteint d'aphasie de Broca présentera des difficultés à formuler oralement ses idées, alors que celles-ci sont claires et intactes dans son esprit (dans son âme (Nafs) en réalité ). D'ailleurs, c'est un rare cas où les neurosciences acceptent de parler d'une partie invisible, dans lequel les mots et leur sens semblent intacts, mais l'âme peine à les manifester, car son outil, l'aire de Broca, est endommagé. Ceci est pour la mémoire sémantique. Pour la mémoire épisodique, les troubles sont plus spectaculaires, comme l'oublie d'une période de temps dans les cas d'amnésies survenant lors de traumatisme . Cela est dû au fait que le cerveau est le filtre d'espace/temps de notre âme. Si celui-ci subit des dommages, l'âme peinera à se restituer au travers de notre monde matériel.

    Les animaux n'ont pas de souvenirs d'événements ponctuels et chronologiques. S'ils en avaient, ils ne leur serviraient à rien, puisqu'ils ne pourraient les manifester. Tout comme la mémoire sémantique, la mémoire déclarative suppose le monde des idées, et donc l'expression verbale, ce dont les animaux sont dépourvus.

    Le Coran est un rappel uniquement adressé aux hommes, afin qu'ils se souviennent de leur Créateur.

    Nous leur avons déjà exposé la Parole (le Coran) afin qu'ils se souviennent.
    — Coran 28:51

    Les hommes se rappellent, se souviennent et retiennent, quand les animaux ne font que retenir. Dépourvus d'âme (Nafs), les animaux ne sont que des signes, raison pour laquelle l'islam rend licite de les manger. Et raison pour laquelle, les animaux se mangent entre eux. Ils n'ont pas besoin de se souvenir, puisque, comme toute chose dotée de l'Esprit, et dépourvu d'âme, ils sont purement muslim (musulman), c'est-à-dire soumis à l'Ordre divin.

    Un des noms du Coran est le Rouh, car par sa lecture, il rapproche naturellement notre âme de l'Esprit, et donc, de la droiture. Car l'homme est la seule créature terrestre qui peut oublier son Créateur.

  2. Le second signe de l'âme est le jugement à l'aide de notre libre-arbitre, ou encore le discernement. Le libre-arbitre est l'expression de la volonté sur les idées. Il peut se prouver simplement par la possibilité de mentir. L'être humain détient la capacité de mentir sans aucune raison, sans être contraint, ou sans intérêt personnel. Les enfants s'y exercent parfois, alors que les animaux, même s'ils en présentent quelques signes, comme les cas de thanatoses , ils ne le font toujours qu'en raison d'un intérêt ou par contrainte (stratégie de survie). Cela fait partie de l'instinct spécifique à certains animaux. Le libre-arbitre est corruptible, comme nous le verrons dans le cinquième signe.

    Quant à notre capacité de jugement, consiste à distinguer ce que nous allons considérer comme vrai ou faux ; c'est ce qui permet d'être conscient lorsque nous disons le contraire de ce que nous pensons, ou encore lorsque nous émettons un doute sur une opinion. C'est être capable de juger de la véracité en distinguant deux propositions comme 1+1=2 et 1+1=3. Les animaux ne sont pas capables de faire la distinction entre ces deux informations. Ils sont dénués de tout libre-arbitre, de jugement et de moralité . Même avec un conditionnement, et un système de récompense, vous ne pouvez pas faire comprendre à l'animal pourquoi l'opération 1+1=2 est vraie et 1+1=3 est fausse. On peut donner l'illusion de résolution d'opération par l'animal, mais si on lui met des pièges, il sera incapable de les résoudre, contrairement à l'homme. Sans l'encodage des idées, l'animal n'a pas accès aux jugements. C'est la raison pour laquelle, bien que les animaux aient la structure de la logique, pour être entièrement rationnel, il faut être capable de juger de la qualité d'une prémisse. Et de cette qualité de raison, ils en sont dépourvus.

    Ô les croyants ! Vous êtes responsables de vous-même ! Celui qui s'égare ne vous nuira point si vous vous avez pris la bonne voie. C'est vers Allah que vous retournerez tous; alors Il vous informera de ce que vous faisiez.
    — Coran 5:105
  3. Le troisième signe est l'idiosyncrasie. C'est un mot que nous avons déjà rencontré dans notre premier livre. Elle correspond à notre façon personnelle et subjective de réagir sous l'influence d'un stimulus extérieur. Le fait que nous réagissons différemment à la douleur, par exemple, prouve que le Nafs est propre à chacun, et, est une composante de l'identité. L'idiosyncrasie peut dépendre des prédispositions physiologiques, en particulier du système nerveux, si l'on parle des cinq sens principaux. Mais elle peut être totalement spirituelle, comme dans le cas de la souffrance psychique, qui est une manière dont Dieu éprouve certains d'entre nous.

  4. Le quatrième signe est l'identité unique et dynamique. L'identité est le fait que vous soyez unique. La manifestation la plus concrète de l'identité personnelle est dans notre manière de s'exprimer. La cadence des mots, la nuance de leur prononciation, la tournure de phrase, seront toujours différentes de celles des autres, et marquera votre personnalité. Elle est construite en fonction de notre vécu, dépend des connaissances acquises, et de nos prédispositions, et nous avons la possibilité de la faire évoluer, de la modifier. Contrairement aux animaux, qui peuvent avoir une identité, mais dépendante uniquement de leur caractère, c'est-à-dire de leur prédisposition. Ce qui fait que l'identité d'un animal est totalement innée, non dynamique, et n'évolue pas comme celle d'un être humain.

    Notre identité a très peu à voir avec notre corps matériel, bien qu'il y ait une influence réciproque de l'âme et du corps. Puisque évidemment, les dispositions physiologiques peuvent influencer l'âme. Par exemple, un individu de grande taille aura un point de vue sur le monde extérieur différent qu'une personne de petite taille, et son identité se construira en fonction de ce regard sur le monde spécifique. On sait par exemple, que les personnes avec une étendue corporelle plus importante, ont plus de chance d'être extravertie, alors que les petites physionomies auront tendance à être introverties. Néanmoins, ce n'est pas une science exacte, la surface corporelle n'est qu'un facteur de construction de l'identité parmi tant d'autres.

    Les troubles psychotiques sont liés à une dérégulation de l'identité du Nafs ; et cela se remarque facilement dans les troubles dissociatifs, ou les dédoublements de personnalité, et notamment dans les troubles de pertes de la réalité. Cependant, si l'expression de l'identité est changeante (Nafs, Dualité), et peut être parfois multiple, sa structure, en revanche, reste unique et intacte (Rouh, Monisme).

  5. La manifestation de l'ego est le cinquième signe. L'ego est la partie la plus corruptible de l'âme, au point qu'elle peut altérer le libre-arbitre. Nous en discuterons plus longuement dans un autre chapitre. L'ego est influençable et manipulable.

    À partir du Coran, les savants musulmans ont établi trois types d'évolutions possible du Nafs , correspondants à la tendance des passions à être plus ou moins apaisées et maîtrisées, ou au contraire totalement relâchées et libérées. Cependant, l'apaisement d'une âme, correspond à un Nafs tournée vers le Rouh (contemplation spirituelle), et sera moins sensible et attirée par les désirs du monde terrestre. Un Nafs apaisé sera moins suggestible. Alors qu'un ego démesuré peut mener à une fausse personnalité, une construction fictive et superficielle de soi, et enferme l'individu dans des contradictions, qui peuvent lui biaiser sa perception de la réalité.

    Il est évident que les animaux n'ont pas d'ego. Ils sont d'une sincérité sans égale. Ils sont toujours vrais, comme les enfants.

    La maîtrise de l'ego est une dimension importante de la foi, car elle dépend de l'aspiration de la personne, entre la recherche de la contemplation spirituelle (l'unicité, faire un avec le Tout, décentration personnelle), ou la recherche des désirs terrestres (la multiplicité, se détacher du Tout par individualisme, intérêt personnel et égocentrisme, jusqu'à se prendre pour son propre Dieu).

  6. Le sixième signe est la manifestation des émotions, des humeurs et des sentiments. C'est un des meilleurs signes, puisque là encore, c'est un rare cas où la psychologie clinique accepte de parler d'esprit agissant sur le soma. Les états de l'âme semblent s'étendre sur tout le corps. Leur manque de maîtrise est à l'origine de nombreuses maladies psychopathologiques. Parmi ces troubles psychiques, le plus éloquent est le phénomène de somatisation, qui correspond à la manifestation physique d'un conflit intérieur. Par exemple, le fait de perdre la vue, sans lésion organique, ni explication chimique (elle peut être de second ordre, mais pas à l'origine du trouble), mais uniquement en raison d'un conflit, un souvenir traumatique, comme une grande affliction.

    Et il se détourna d'eux et dit : « Que mon chagrin est grand pour Joseph ! » Et ses yeux blanchirent d'affliction. Et il était accablé.
    — Coran 10:84

    Les états de l'âme peuvent avoir un impact sur n'importe quelles parties du corps, et ne sont pas limités au simple cerveau. Cela est d'autant plus vrai qu'on le constate parfaitement et universellement pour le sentiment d'Amour.

    « Aussi saugrenue que puisse nous sembler l'idée de l'immortalité de l'âme, il n'en est rien d'extraordinaire pour le primitif. Après tout, l'âme est quelque chose hors du commun. Alors que tout ce qui existe occupe une certaine étendue, l'âme n'est pas localisable dans l'espace. Nous supposons, avec tant de certitude, que nos pensées sont dans nos têtes, mais lorsque nous en venons aux sentiments, nous commençons à être incertain ; ils semblent résider dans la région du cœur. Nos sensations sont réparties sur tout le corps. Notre théorie est que le siège de la conscience est dans la tête, mais le Peuple Indiens m'a raconté que les Américains étaient fous, parce qu'ils croyaient que leurs pensées étaient dans leurs têtes, tandis que tout homme sensé sait qu'il pense avec son cœur. Certaines tribus nègres localisent leur fonctionnement psychique ni dans la tête ni dans le cœur, mais dans le ventre. »
    — Carl G. Jung

    L'origine chimique des émotions est une erreur. La chimie est la conséquence et non pas la cause du sentiment. Par exemple, aujourd'hui, des études ont démontré que nous pouvions agir sur les humeurs des gens, grâce aux neurosciences . Mais dans ces expériences, ce n'est plus l'âme, la volonté personnelle qui s'exprime d'elle-même, mais au contraire, les agents actifs injectés dans les réseaux neuronaux, qui viennent la remplacer et agissent en volonté exogène. En situation normale, c'est l'âme qui agit librement sur le corps. Dieu sera faire la distinction si vous agissez de vous-même, ou si vous êtes contraint d'agir sous l'emprise de substances chimiques ou électro-magnétiques exogènes à votre insu. C'est ce qui explique pourquoi dans les cas de tortures, la majorité des personnes vont dire ce que le bourreau souhaite entendre, même si c'est faux, uniquement en vue de se libérer de la contrainte. Il a été démontré que la torture n'a jamais était une méthode efficace.

  7. Le dernier signe est le cœur (qalb). C'est l'endroit du corps où vous ressentez le plus l'état de votre âme. Si elle est en état d'apaisement, ou au contraire totalement troublée. Dieu parle à de nombreuses reprises dans le Coran, de ce qu'il y a « dans les poitrines » ; et fait référence en réalité à ce que le cœur a acquis : si vous êtes en état de pureté, ou au contraire de corruptibilité.

    Il sait ce qui est dans les cieux et la terre, et il sait ce que vous cachez ainsi que ce que vous divulguez. Et Allah connaît bien le contenu des poitrines.
    — Coran 64:4

    L'état de corruptibilité, par exemple est à l'origine des mécanismes de défense psychique, dont nous aurons l'occasion de discuter. Le Coran est venu pour guérir les cœurs des hommes, et donc, leur redonner leur état de pureté.

    C'est un Livre qui t'a été descendu; qu'il n'y ait, à son sujet, nulle gêne dans ton cœur; afin que par cela tu avertisses, et (qu'il soit) un Rappel aux croyants.
    — Coran 7:2

    La localisation des sentiments dans le cœur semble toujours inexplicable à ce jour. Ce qui nous permet de douter que l'Âme soit dans le corps au sens strict. Tout ce que nous pouvons dire, c'est que pour chaque être vivant pourvu d'un corps, une Âme lui a été assignée. Cela ne veut pas dire que le corps la contient, mais seulement qu'il existe une connexion et une influence entre les deux. Est-ce que les sentiments sont véritablement dans le cœur ? Aujourd'hui, à l'heure où l'on sait remplacer un organe tel que le cœur, lors d'opérations chirurgicales, il serait légitime de nous poser la question suivante : lors d'une opération faisant intervenir le cœur artificiel, est-ce que les sentiments que l'on localisait dans notre ancien cœur, partiront-ils avec celui-ci, ou se logeront-ils de nouveau dans ce nouveau cœur étranger ? Question à laquelle les études et enquêtes devraient pouvoir répondre aujourd'hui grâce aux témoignages de patients ayant subi ce genre d'opération. Même si l'on comprend pour des raisons d'intimité, et pour le peu de cas concernés, que nous aurons peu de résultats.

Nous nous arrêtons ici pour les signes de l'existence de l'âme. Il est évident qu'il peut en exister d'autres qui nous auraient échappés. Les récentes études en psychologie animale, ont tendance à être surinterprétées, et notamment en ce qui concerne l'attribution d'intelligence supérieure. Les chercheurs, en voulant contrôler les variables d'une expérimentation, réduisent le champ comportemental de l'animal, déjà dénué de libre-arbitre, jusqu'à obtenir l'effet escompté. Étant pourtant dépourvus de Nafs, les animaux ressentent tout de même des émotions, comme la peur, la tristesse et la joie. Ils ont une identité propre, et un niveau de conscience. Ils peuvent être atteints de maladies comportementales, et tout cela pour plusieurs raisons : les innéités animale et végétale sont différentes de l'innéité humaine. De plus, il se pourrait que les créatures terrestres non-humaines aient autre chose que le Rouh. Les délimitations entre le Nafs et le Rouh ne sont pas toujours claires pour l'esprit humain, car, acquisition et innéité s'entremêlent bien souvent, c'est le cas pour la mémoire. Par exemple, nous avons évoqué uniquement les mémoires à long terme, nous avons fait une impasse sur les mémoires à court terme.

Les différentes relations entre le Rouh et le Nafs, sont à l'origine de tous les mécanismes psychologiques que nous connaissons, aussi bien normaux que pathologiques.

Chaos, Déviance, Conflit, Conscience, Paradoxe et Harmonie ?


Nous avons déjà évoqué dans notre deuxième livre, l'existence du monde interne et du monde externe . Nous allons ici apporter quelques éléments nouveaux à la compréhension de ces deux mondes.

Désormais, nous savons par l'exposé précédent que notre monde interne est conçu par notre Nafs et le Rouh, et nous avons décrit dans l'article précédent, ce qu'ils impliquent. La relation que l'on va entretenir entre ces deux éléments de notre Âme aura un impact sur notre conception du monde. Ce que nous allons vous apprendre, c'est que notre Esprit est naturellement en harmonie avec le monde extérieur. Les animaux étant uniquement investis du Rouh, sont en harmonie totale avec le monde. Alors que l'homme n'est pas seulement doté de l'Esprit, il a aussi le Nafs, qui, nous l'avons dit dans l'article précédent, est l'élément corruptible de l'homme. Selon la théologie musulmane, les anges sont faits de Rouh, et les djinns sont faits de Nafs. Les anges sont donc également parfaitement soumis, et en harmonie, comme les animaux, alors que chez les djinns, il en existe des soumis et des rebelles.

Dans la théologie musulmane, Iblis, qui est un djinn, avant la création d'Adam, était parmi les anges. Il n'était pas un ange, mais il les côtoyait. Son Nafs était en harmonie. Il avait donc plus de mérite que les anges, car ces derniers n'ont pas d'autre choix que d'être soumis à l'Ordre divin, contrairement aux djinns.

Il va en être de même avec les hommes, si ceux-là n'orientent pas leur Nafs vers leur Rouh, c'est-à-dire, globalement, s'ils n'utilisent pas le jugement de leur connaissance avec l'intellect, la logique, alors Dieu dit dans le Coran, que nous serons pires que les animaux. Car les animaux n'ont pas la capacité de juger de l’intelligibilité d'une vérité, contrairement à l'homme. Si les hommes n'utilisent pas la faculté de juger les connaissances qu'ils possèdent, à la lumière de la logique, ils auront l'esprit chaotique, pire que les animaux.

Les pires des bêtes auprès d'Allah, sont, [en vérité], les sourds-muets qui ne raisonnent pas.
— Coran 8:22

Dans le Coran, l'histoire du Prophète Noé (Nuh), montre que Dieu est prêt à sauver les animaux et à laisser mourir tous les hommes qui n'ont pas cru à son message. Dieu considère inférieurs aux animaux, les hommes sévèrement égarés, n'utilisant pas leur faculté de compréhension, et qui sèment la corruption sur la terre.

Cet esprit chaotique, n'existe pas chez les enfants. Il peut commencer à naître uniquement à partir de l'âge de raison, et peut devenir irréversible. Mais pour en arriver là, il faut qu'il y ait des déviances.

Les premières déviances sont dues à un manque de savoir, et en particulier, à un manque d'intérêt d'acquérir des connaissances. Moins vous avez de connaissances acquises, plus votre conception du monde extérieur est pauvre et détachée de la réalité. Le cas peut être plus grave, lorsque vous avez de fausses connaissances, comme les préjugés, qui sont difficiles à enlever, et qui, du fait que vous raisonner naturellement juste à partir de ces informations fausses, vous font adhérer à des conclusions erronées. Votre monde intérieur se construit sur des mensonges, et sera très fragile.

Mais l'homme n'est pas que science, il est aussi émotions et sentiments. Les déviances dans ce domaine, sont appelées perversions. La perversion est une preuve de l'existence de l'âme que nous aurions pu mettre dans notre article précédent. Elle se démontre par son dérèglement progressif dans les comportements qu'on pourrait appeler à risques, où l'individu pousse petit à petit ses actes à l'extrême. C'est le principe de la perversion, elle n'est pas limitée au domaine de la sexualité, on la retrouve dans la consommation de drogue, et d'autres comportements à risque. La recherche de sensation ne suffisant plus, l'individu stimule ses actions de plus en plus loin pour ressentir le plaisir de ses déviances qu'il ne ressent plus à quantité normale.

Perversion : Action de détourner quelque chose de sa vraie nature, de la normalité; résultat de cette action.

La perversion peut conduire, à long terme, à la perversité.

Perversité : PSYCHOPATHOL. ,, Anormalité de la conduite générale et spécialement des comportements à l'égard d'autrui et de la Société conduisant à des actes asociaux et inhumains accomplis avec indifférence affective à l'égard de la souffrance d'autrui, absence complète de culpabilité et satisfaction personnelle``

L'absence de souffrance caractérise le pervers, ce qui peut nous paraître contre-intuitif. Car l'on pourrait penser que c'est l'âme apaisée, saine et aimante qui est dépourvue de souffrance. Or, Dieu éprouve l'homme par la souffrance, et si ce dernier l'accepte, elle lui permettra de se construire et de faire face à l'adversité (Dualisme).

En vérité, ce n'est pas l'absence de souffrance qui manifeste la perversité, mais le manque d'acceptation de cette souffrance, une nuance importante de notre point de vue. La non-acceptation de la souffrance commence par l'oubli du sentiment de responsabilité. Les personnes qui ne s'investissent d'aucune responsabilité dans ce monde, fuient souvent la réalité, et ne sont attirés que par les illusions de cette vie. Ils mettent l'accent sur les sensations éphémères de l'âme (Nafs) et délaissent leur Esprit (Rouh).

Laisse ceux qui prennent leur religion pour jeu et amusement, et qui sont séduits par la vie sur terre. Et rappelle par ceci (le Coran) pour qu'une âme ne s'expose pas à sa perte selon ce qu'elle aura acquis, elle n'aura en dehors d'Allah, ni allié ni intercesseur. Et quelle que soit la compensation qu'elle offrirait, elle ne sera pas acceptée d'elle. Ceux-là se sont abandonnés à leur perdition à cause de ce qu'ils ont acquis. Leur breuvage sera l'eau bouillante et ils auront un châtiment douloureux, pour avoir mécru.
— Coran 6:70

S'amuser de la vie ne doit en aucun cas être une règle. La souffrance fait partie du développement normal, elle est même liée au bonheur aussi paradoxal que cela puisse nous sembler. Les personnes qui passent leur temps à s'amuser pour fuir leur souffrance ne trouvent jamais le bonheur. En effet, lorsque vous ne souffrez pas, et nous vous renvoyons à votre enfance pour la majorité d'entre vous, aviez-vous conscience de votre bonheur ? Seulement, bien plus tard, vous vous rendez compte, pour certain, que cela était la plus belle période de votre vie (et cela, parce que vous ne deviez porter aucune responsabilité).

Et ils t'interrogent au sujet des orphelins . Dis : "Leur faire du bien est la meilleur action. Si vous vous mêlez à eux, ce sont vos frères [en religion]". Allah distingue celui qui sème le désordre de celui qui fait le bien. Et si Allah avait voulu, Il vous aurait accablés. Certes Allah est Puissant et Sage.
— Coran 2:220

La souffrance va faire naître la conscience. La conscience née à partir de la rencontre de deux contraires, et en particulier, de ce qui est opposé à la vérité de l'Esprit, naturellement harmonieux.

Ce n'est qu'à partir du moment où une réalité est difficile à accepter, une réalité en manque d'harmonie avec le Tout, car contraire à notre Esprit (Rouh), que commence la souffrance. Par exemple, la vérité selon laquelle, il y a des gens qui meurent de faim, et d'autres qui ont les moyens d'investir pour arrêter la famine dans le monde, mais ne le font pas, et préfèrent investir dans des clubs de football ou dans les divertissements de masse, est une réalité violente pour toute âme humaine. Et cela l'est d'autant plus, lorsque vous êtes impuissant face à cela. Le monde est capable de dépenser des milliards pour organiser une coupe du monde de football, mais est incapable d'organiser un événement du même ordre pour aider les plus démunis. De ce constat malheureux, peut naître la souffrance. Si elle naît, c'est parce que vous êtes le contraire de cet état d'esprit, et c'est bon signe.

Si elle ne naît pas, alors que vous avez bien conscience de ce processus, vous êtes en contradiction avec votre nature saine. Le conflit sera plus fort si vous n'acceptez pas de souffrir. Le déni d'autrui, ne pas se préoccuper de son prochain, ne serait-ce que dans son cœur, est une forme de nuisance pour l'humanité. Cette perversité est le contraire de l'Amour manifeste. C'est la Haine manifestée. Et la Haine est LA psychopathologie du genre humain. Ne pas accepter la souffrance est à l'origine de certaines pathologies. Ne pas accepter de souffrir revient à ne pas accepter une partie de notre réalité interne ainsi que celle d'autrui. Ne pas accepter son monde intérieur conduit à l'altération de sa perception du monde extérieur, et dans ce cas, il y a conflit avec votre propre nature humaine et avec le monde dans lequel vous vivez.

Allah n'impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité. Elle sera récompensée du bien qu'elle aura fait, punie du mal qu'elle aura fait. Seigneur, ne nous châtie pas s'il nous arrive d'oublier ou de commettre une erreur. Seigneur ! Ne nous charge pas d'un fardeau lourd comme Tu as chargé ceux qui vécurent avant nous. Seigneur ! Ne nous impose pas ce que nous ne pouvons supporter, efface nos fautes, pardonne-nous et fais nous miséricorde. Tu es Notre Maître, accorde-nous donc la victoire sur les peuples infidèles.
— Coran 2:286

Il faut comprendre que la souffrance ne vient pas forcément de nous, elle vient de l’événement que vous avez vécu, qui n'est pas harmonieux avec le reste, et cela est toujours lié aux activités humaines. Aimer consiste à ne faire qu'un avec le reste. Si vous aimez une femme ou un homme, cela consiste à ne faire qu'un avec lui/elle. Celui (homme ou femme) qui refuse cette unité (alors que les sentiments sont présents dans les deux) est responsable de la souffrance et du conflit.

Ne faiblissez pas dans la poursuite du peuple [ennemi]. Si vous souffrez, lui aussi souffre comme vous souffrez, tandis que vous espérez d'Allah ce qu'il n'espère pas. Allah est Omniscient et Sage.
— Coran 4:104

Et il y a des personnes dans ce monde extrêmement morcelées, qui, à leur tour, passent leur temps à fragmenter les autres, parce qu'ils les considèrent comme dangereux pour leur monde interne. Et les premiers sont créateurs de fragments non-naturels dans la société. Par exemple, des psychologues fragmentés eux-mêmes, qui morcellent des personnes pour avoir des patients, et prétendent être capable de résoudre les conflits (un conflit est entre deux fragments). Ne plus avoir de patients feraient effondrer la construction factice de leur monde intérieur. Même derrière un psychologue, il peut y avoir un pervers, qui n'a pas forcément conscience de l'être, car les pervers refusent la dualité (la réalité). Il ne faut pas se laisser avoir par les apparences, car un/une pervers(e) peut avoir un visage très angélique.

Ensuite, Nous fîmes héritiers du Livre ceux qui de Nos serviteurs que Nous avons choisis. Il en est parmi eux qui font du tort à eux-mêmes, d'autres qui se tiennent sur une voie moyenne, et d'autres avec la permission d'Allah devancent [tous les autres] par les bonnes actions; telle est la grâce infinie.
— Coran 2:286

Nous avions vu que la nature était purement muslim. Elle ne forme qu'un seul ensemble. La nature (en dehors de ce qui est humain et artificiel) n'est pas morcelée et ne fragmente pas l'homme. La nature se confesse à l'homme avec sincérité et elle se donne à nous sans rien attendre en retour. Et l'homme est parfois ingrat de l'unité de la Création de Dieu. Car observer les astres et la nature n'a jamais rien eu de traumatisant pour l'homme. Seuls les événements faisant intervenir l'humain sont traumatiques, car conflictuels. Les hommes ne pourront jamais faire UN, tant qu'ils ne se comporteront pas comme la nature, et tant qu'ils resteront en conflit avec elle. Autrement dit, être en harmonie avec la nature consiste à se comporter comme elle, avec sincérité, désintérêt et don de soi sans rien attendre en retour. Tel est l'Ordre de la Création d'Allah.

{ Rapporté par Anas : Le Prophète () a dit : « Aucun d'entre vous n'aura vraiment la foi tant qu'il n'aimera pas pour son frère ce qu'il aime pour lui-même. » }
Et que les détenteurs de richesse et d'aisance parmi vous, ne jurent pas de ne plus faire des dons aux proches, aux pauvres, et à ceux qui émigrent dans le sentier d'Allah. Qu'ils pardonnent et absolvent. N'aimez-vous pas qu'Allah vous pardonne ? et Allah est Pardonneur et Miséricordieux !
— Coran 24:22

Et puisque selon l'islam, Dieu a créé cette nature, alors vous ne pouvez être harmonieux et en paix qu'en étant musulman.

Il ne faut surtout pas dénier sa réalité intérieure en souffrance, car c'est la non-acceptation de cette souffrance qui sera à l'origine de la permanence de ce conflit. Être dans cet état conflictuel (Dualité), est normal dans certaines limites. Le but est de surpasser ce conflit, de l'affronter, l'appréhender, de le comprendre, d'en tirer un profit et un enseignement, pour que disparaissent cette dualité, par la recherche de la relation transcendante (unité, Monisme) entre les deux fragments. Aussi surprenant que cela puisse être, il y a une réalité mathématique (algébrique) dans la résolution du conflit intérieur humain. Ceux qui ne résolvent pas ces conflits, sont dépendants du regard des autres, et ignorent encore la solution transcendante de leur conflit.

« Rare est le nombre de ceux qui regardent avec leurs propres yeux et qui éprouvent avec leur propre cœur. »
— Albert Einstein

Est-ce si rare que ça ? Dans un monde où le mensonge et le factice règne, effectivement, les hommes sincères et savants se font rares.

Nous pouvons résoudre ce conflit en comprenant que notre monde intérieur est un monde extérieur pour autrui. Mais encore faut-il chercher à connaître l'autre, pour savoir qu'il a un monde interne. C'est la raison principale des guerres dans le monde, et non pas les nationalités, ou le nationalisme qui n'est qu'une différence réelle, superficielle mais nécessaire, mais le déni du monde interne du soi-disant ennemi. Nier l'humanité d'une population, de fait, vous entraîne à lui faire la guerre. Le manque de connaissances, entraîne la peur de l'autre, et au déni du monde interne de son prochain. Si les colons israéliens tuent les Palestiniens, ce n'est pas parce qu'ils sont différents, mais parce qu'ils pensent qu'ils leur sont différents, et ne leur reconnaissent pas la qualité d'être humains. Les colons israéliens ignorent que les Palestiniens sont comme eux, et c'est en raison de cette ignorance, qu'ils leur retirent leur qualité d'humains, et nient le monde intérieur de ceux qu'ils considèrent être leur ennemi. Et ce phénomène est d'autant plus entretenu à partir du moment où l'on pense que l'on est la race supérieure. Reconnaître l'humanité chez le Palestinien entraînerait l'écroulement de leur monde intérieur factice, la croyance selon laquelle ils sont supérieurs. Raison pour laquelle, les colons israéliens manifestent en générale plus de haine et de peur, que les Palestiniens.

Ce qui nous permet de déduire que le communautarisme (tribalisme), et l'ultranationalisme (élitisme, sentiment de supériorité), conduisent à l'entre-soi, et favorisent l'ignorance de l'autre. Aujourd'hui, l'idéologie sioniste présente ces deux formes. L'islam ne doit pas être, et n'est pas dans son essence, communautariste. Toute propagande de guerre a en générale pour but d'inspirer dans l'esprit inconscient d'une société, l'inhumanité d'un groupe stigmatisé. Les fabricants de la propagande sont les pervers de l’humanité.

Nous reviendrons plus tard, une dernière fois, sur les visions interne et externe, montrant alors que si l'on utilise que la vision externe pour juger le monde, il peut se produire un déni de soi. Par exemple, si vous voyez tout autour de vous que le monde est injuste, si vous faites abstraction de votre ressenti interne, alors vous risquez de vous comporter injustement, par imitation au monde externe et par déni de votre conscience intérieure.

Une fois que l'on a compris tout ça, on se dirige désormais vers la notion de paradoxe. Nous sommes tous les jours confrontés aux paradoxes. Les paradoxes représentent la dualité de la réalité, dualité contenue dans une unité transcendantale. Tant que nous ne sommes pas capables de résoudre un paradoxe, nous restons dans la dualité (données contradictoires). Les paradoxes viennent d'un manque de connaissances de la relation entre deux fragments d'une réalité. Or, il est clair que l'univers est UN (Monisme), et donc, que toutes les dualités (Dualisme) fragmentées inférieures qui le composent appartiennent à des ensembles de réalité à différents niveaux. Ce que la psychanalyse a compris, c'est que les mots sont importants. Mais ce qu'elles semblent mettre de côté, c'est l'agencement rationnel et logique des mots, leur acquisition et leur définition. Car si Dieu peut résoudre tous les problèmes psychiques, encore faut-il Le nommer, bien Le définir, et bien L'articuler dans la réalité. L'absence du mot peut être à l'origine de la souffrance.

« Faites des mots croisés. »
— Jacques Lacan

Est-ce suffisant de faire des mots croisés, comme le suggérer le célèbre psychanalyste français Jacques Lacan ? Nous pensons qu'il faut aussi faire croiser les mots ! Car dans le jeu du mot-croisé, on nous donne directement la définition (un agencement cohérent de mots), il n'y a pas d'effort fourni réel par l'individu, soit il sait, soit il ne sait pas. Dans la réalité, personne ne vous donnera les définitions, à vous de les retrouver par l'expérience, et par l'articulation des mots et des connaissances acquises.

Le monde est défini, dogmatique, il présente une forme d'innéité. Ce qui fait que nous sommes tous face à la même réalité. L'enfant peut retrouver les dogmes dès les premiers âges. La loi de la gravitation par exemple, l'enfant ne sait pas l'expliquer, mais il comprend que les choses sont attirées vers le bas, et à tous les endroits du monde. Puis, lorsqu'il comprend que la terre est ronde, il y aura un paradoxe dans son monde interne, car les objets ne semblent plus tomber vers le bas. Il doit comprendre désormais que les objets ne tombent, non pas vers le bas, mais ils sont attirés vers le centre de la Terre. L'enfant vient de re-catégoriser ses connaissances. La re-catégorisation supposent un dés-apprentissage.

Cette innéité de la réalité correspond à ce que la science en générale cherche à découvrir. Elle correspond à l'Ordre de Dieu. Il n'y a pas de paradoxe dans la nature, mais seulement dans l'esprit de l'homme, qui ne comprend pas les relations entre les différents fragments. Tout ne fait qu'un, et l'homme doit retrouver cette unité qui lui apparaît fragmentée. En une seule phrase, l'harmonie de l'être humain consiste à retrouver l'unité qui transcende toute la réalité. La dernière unité qui n'est pas en dualité avec une autre, car en dehors de la Création. Cette unicité est Dieu Lui-même.

Et c'est Lui qui commence la création puis la refait; et cela Lui est plus facile. Il a la transcendance absolue dans les cieux et sur la terre. C'est Lui le Tout Puissant, le Sage.
— Coran 30:27

Théoriquement, pour que cette harmonie ait lieu, il faut soumettre ce que vous avez acquis dans votre Nafs à l'examen de l'Esprit (Rouh). Plus concrètement, la recherche du savoir est nécessaire, suivi d'un processus de re-catégorisation et de dés-apprentissage de ses connaissances. Être constamment conscient et attentif, aussi bien au monde extérieur qu'au monde intérieur. Les nouvelles données du monde perçues permettent le réaménagement des idées acquises antérieurement, et de redéfinir les ensembles auxquels elles appartiennent. Il n'y a que de cette manière que nous pouvons faire preuve de lucidité.

Lorsque vous faites cet exercice de la pensée, il arrivera un moment où vous devrez examiner la pensée elle-même. Vous arriverez aux limites de la physique pour appréhender la métaphysique. C'est la véritable contemplation du monde sans les frontières, les images, et où l'ego s'efface et se font dans le reste de l'humanité. Et c'est dans cette harmonie suprême, où le monde interne n'est plus différent du monde externe, où le Nafs ne fait plus qu'un avec le Rouh, que vous êtes au plus proche de Dieu.

Ne pas être conscient et attentif au monde extérieur, entraîne un monde intérieur très pauvre et détaché de la réalité, en dysharmonie avec le réel. La science moderne est d'une rigidité de pensée qu'elle ne peut avoir de recul sur elle-même. Le Physicalisme, et le Positivisme plus largement, en sont les exemples les plus concrets. Ils ne s'intéressent qu'à une petite partie du monde extérieur, et nie totalement le monde intérieur (et le monde extérieur constitué par l'ensemble des mondes intérieurs). Nous en développerons les conséquences plus loin dans cet ouvrage.

Peut-on prédire les comportements humains ?


L'un des objectifs de la psychologie moderne est de prédire le comportement humain. S'il y avait réellement prédiction, il n'y aurait plus liberté aussi bien individuelle que collective. Si l'on pouvait prédire tous les comportements humains, ce serait certainement la fin de l'humanité. Nous ne serions plus que des robots, totalement conditionnés à réagir de telle façon face à telle situation.

On peut prédire le comportement d'une personne seulement si elle est conditionnée. Très utilisé en marketing, on cherche à prédire le comportement du consommateur, et à l'influencer surtout pour qu'il ressente le besoin de consommer un produit. Car si l’entreprise n'arrive plus à vendre sa marchandise, simplement parce que les consommateurs n'en ressentent pas le besoin, son projet s'écroule. Elles doivent donc donner l'impression de nouveauté, et susciter la volonté d'acquérir le produit chez le consommateur. L'exemple le plus frappant de ce XXIème siècle, sont les iPhones d'Apple. On conditionne les individus, pour leur faire croire qu'ils ont besoin de la dernière nouveauté. On suscite chez eux la croyance, si bien que des études ont démontré qu'Apple, fait intervenir chez le consommateur, les mêmes processus cognitifs que les superstitions religieuses.

En réalité, moins une chose est prévisible, plus on peut objectivement dire qu'elle est esthétiquement belle, car surprenante. Tout ce qui est prévisible n'est que froideur mécanique, et n'a plus rien d'humain ou même de vivant. Depuis quand les animaux sont-ils prévisibles ?

Dans les psychopathologies, on ne cherche pas spécialement à prédire, mais à comprendre l'origine du trouble. On peut, en revanche, essayer de faire des prédictions, en vue de comprendre les cas susceptibles où les psychopathologies pourraient éventuellement se manifester. Cependant, à partir du moment où l'on accepte que le libre-arbitre existe, il est extrêmement difficile de distinguer les vrais malades mentalement, des imposteurs. Dans une étude (Rosenhan, 1973, 1975), des chercheurs se sont fait passer pour des personnes ayant des hallucinations auditives. Les résultats ont montré que tous, sans exceptions ont été diagnostiqué par les psychiatres, présentant ses hallucinations. La conclusion est qu'il est quasiment impossible de détecter les simulateurs.

Quant aux études de psychologies sociales, elles sont fortement critiquées pour une seule raison : avec des conditions parfaitement standardisées, il est difficile de reproduire les résultats de certains travaux initiaux. Cela peut être dû à la culture, à l'époque, mais tout simplement cela peut être aussi dû à la singularité de chaque être humain. Si un groupe d'être humain a subit la même forme de conditionnement, il aura plus de chance de répondre d'une certaine manière.

« La folie, c'est se comporter de la même manière et s'attendre à un résultat différent. »
— Albert Einstein

Les expériences de Stanley Milgram sont connues dans le domaine de la psychologie sociale, car fondatrices dans la mise en évidence du lien entre obéissance et autorité . L'autorité n'est parfois qu'une illusion construite psychiquement. Par exemple, un individu impressionné par une célébrité ou par une simple personne étant passée quelques minutes à la télévision, a construit une autorité fictive.

L'expérience de Milgram a été réadaptée dans le cadre français, retransmise sur France 2 au travers d'un documentaire Le Jeu TV de la Mort . Bien qu'elle est eu plusieurs variantes de cette expérience, pour résumé, elle consiste à faire croire à un sujet naïf, qu'il va passer une étude sur la mémoire et qu'il s'agit d'un test pour comprendre les effets de la punition sur l'apprentissage . Le sujet naïf va automatiquement se retrouver dans le rôle du punisseur, alors que l'autre sujet, qui est en réalité un compère de l'expérimentateur, jouera le rôle de celui qui devra se rappeler des mots. Si ce dernier échoue (et il fera semblant d'échouer), le sujet naïf devra lui octroyer une décharge électrique. Pour chaque mauvaise réponse, l'intensité de la charge augmente. Le sujet naïf ne sait pas que ce sont de fausses impulsions, et le compère de l'expérience, fera semblant d'avoir de plus en plus mal. Si le sujet naïf souhaite arrêter, l'expérimentateur lui mettra la pression pour qu'il continue, à l'aide de phrases clés. Dans la variante originale, plus de la majorité des gens vont jusqu'à octroyer la charge maximale, au détriment de la souffrance qu'ils étaient entrain de commettre.

Dans le documentaire de France 2, la réponse d'une des rares candidates qui a eu le courage, mais surtout la prise de responsabilité d'arrêter : « Moi, j'étais partagé entre ce que je suis et ce que je faisais ». La candidate a conscience de sa dualité, ce qui fait qu'elle a pu sortir de cette situation avec une réponse adaptée et humaine. Les autres ne se sentaient pas responsables, et surtout, ils niaient leur conflit intérieur (Type de réponse : « Je savais que ce n'était pas vrai »). Ils ont mis leur part d’humanité de côté.

Les résultats des études de psychologie ne sont en rien des vérités, mais doivent être des constats sur l'état d'esprit et le conditionnement des gens à une époque donnée. Ce n'est pas un constat de la nature humaine, ceci serait une extrapolation. Cette expérience de Milgram, nous a permis de vérifier, en premier lieu, la soumission à l'autorité sans remise en question, constituant une explication à ce qui se serait passé sous le nazisme. Les résultats antérieurs ont montré que généralement, ce sont les plus instruits ou ceux dotés de principes moraux, qui arrivent à arrêter l'expérience de Milgram. Le fait que les résultats soient identiques aujourd'hui prouve que notre éducation occidentale a échoué à inculquer la responsabilité et l'esprit critique chez le citoyen. Et si demain toute forme d'autorité dictatoriale avait lieu en France, l'histoire se répéterait, car nous n'avons en réalité rien changé en nous (nous rappelons que ce n'est pas une question de frontière ou de nationalité, mais d'unité intérieure).

C'est qu'en effet Allah ne modifie pas un bienfait dont Il a gratifié un peuple avant que celui-ci change ce qui est en lui-même. Et Allah est, Audient et Omniscient.
— Coran
« Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde. »
— Mohandas Karamchand Gandhi

Il serait intéressant de refaire l'expérience de Milgram, en prenant en considération la religion de la personne. Car, il est certainement probable, que nous n'aurions pas connu une période comme le nazisme en Europe, si nous n'avions pas délaissé l'éducation religieuse dans nos pays. Car le Catholicisme, tout comme l'islam, non seulement, instruit la personne, mais fait naître également en elle le sentiment de responsabilité.

Prédire les comportements n'est donc pas envisageable en réalité. En revanche, on peut connaître les prédispositions de l'âme à travers la personnalité d'un individu. La science de l'Ennéagramme , initialement développée par les soufis , est parfois utilisée par les psychologues, sous l’appellation d'un test Riso-Hudson Enneagram Type Indicator (RHETI).

Ils sont ceux qui se repentent, qui adorent, qui louent, qui parcourent la terre (ou qui jeûnent), qui s'inclinent, qui se prosternent, qui commandent le convenable et interdisent le blâmable et qui observent les lois d'Allah... et fais bonne annonce aux croyants.
— Coran

À partir de ce verset, neuf facettes de l'âme peuvent être énumérées :

  1. « ceux qui se repentent » ; (At Taibun) ; (Le Réformateur) ; plein de principes, déterminé, auto-discipliné et perfectionniste.
  2. « qui adorent » ; (Al ‘Abidun) ; (L'Aide) ; démonstratif, généreux, cherchant à plaire et possessif.
  3. « qui louent » ; (Al Hamidum) ; (L'Accomplisseur) ; adaptatif, à la recherche de l'excellence, déterminé et soucieux de son image.
  4. « qui parcourent la terre » ; (As Sa‘ihun) ; (L'Individualiste) ; expressif, il dramatise, est introspectif et fantasque.
  5. « qui s'inclinent » ; (Ar Raki’) ; (L'Investigateur) ; perspicace, innovateur, secret et isolé.
  6. « qui se prosternent » ; (As Sajidun) ; (Le Loyaliste) ; responsable, anxieux et soupçonneux.
  7. « qui commandent le convenable » ; (Al Amirun Bil Ma’Rouf) ; (L'Enthousiaste) ; spontané, aux talents variés, sujet aux distractions et dispersé.
  8. « [qui] interdisent le blâmable » ; (An Nahun ‘An El Munkar) ; (Le Challenger) ; sûr de lui, décidé, volontaire et combatif.
  9. « qui observent les lois d'Allah » ; (Al Hafizun Li Hudud Allah) ; (Le Pacificateur) ; réceptif, rassurant, accommodant et suffisant.

Chacun d'entre nous, universellement, homme et femme, possédons ces neuf facettes de l'âme, qui ont leurs propres caractères de personnalité. Mais pour chacun d'entre nous, nous avons une facette principale qui se dégage et prédomine sur les autres. On peut faire plusieurs remarques sur cette facette principale :

  1. On ne peut pas changer de facette principale, elle fait partie de votre nature innée.
  2. Votre type de personnalité principale, ne veut pas dire que vous êtes à tout moment dans cette qualité d'âme. Il y a des fluctuations. De plus, nous pouvons avoir des caractéristiques des personnalités limitrophes de notre propre facette la plus importante. Par exemple, si votre facette principale est 5 (« qui s'inclinent »), il est possible que vous ayez également des caractéristiques des facettes 4 (« qui parcourent la terre ») et 6 (« qui se prosternent »).
  3. Les numéros permettent une neutralité dans le diagnostique, être 9 ne veut pas dire être meilleur qu'être 1. Aucune facette n'est pire ou meilleure qu'une autre.

Nous ne pouvons peut-être pas prédire les comportements, mais, connaissant les qualités et les facettes principales de l'âme d'une personne, nous pouvons essayer d'orienter celle-ci pour qu'elle puisse vivre une vie en adéquation avec ses prédispositions. Car selon les sociétés, certaines dispositions de l'âme peuvent être mal perçues. Un projet politique de société réussi, est un projet qui prend en compte les neuf facettes de l'âme. Les prédisposés à être 5, par exemple, ont tendance à trouver difficilement leur place dans les projets occidentaux.

Nous pouvons remarquer également que les différents caractères dans une facette ne sont pas liés à la moralité. Une personnalité n'a pas de rapport avec la morale, car être discipliné ou déterminé par exemple, sont des qualités qui peuvent être aussi bien dirigé pour faire régner la justice que l'injustice.

La volonté des hommes est imprédictible. Le choix et le cœur des hommes n'appartiennent qu'à eux, et ce sont des données qui échappent aux règles de la physique, car les hommes ont la capacité d'être leur première cause, et de ne pas se laisser influencer par le monde extérieur. Si vous voulez que les hommes soient de simple machine, il suffit de leur couper cette volonté d'agir par eux-mêmes, supprimer cette volonté de se sentir responsable, et surtout cacher les alternatives de leur choix. Leur faire croire qu'aucune autre possibilité n'est possible. Les convertir au fatalisme. Encore une fois, ces processus font intervenir la manipulation et la propagande, notamment par l'omission d'information.

Les seules choses prédictibles sont les conséquences des comportements moraux des hommes. Car la morale est inscrite dans l'Ordre de l'Univers. On sait par exemple qu'une personne se comportant de manière immorale, aura des effets négatifs sur elle-même et sur l'humanité entière, et inversement pour celle qui se comporte de manière morale.

La réalité, c'est que nous sommes incapables de prédire même ce qui est pourtant totalement déterminé, comme les astres dépourvus de libre-arbitre ou de première cause. Nos modèles théoriques de représentation de l'univers, se construisent avec tous les paramètres connus. Il est important de préciser « connus », car il suffit d'un seul paramètre inconnu pour que notre modèle ne soit pas fidèle à la réalité. Il existe toujours des données, des facteurs qui peuvent nous échapper, et qui ne seraient pas pris en compte. Nos modèles de l'univers ne seront fidèles à la réalité qu'à condition seulement qu'aucun autre paramètre imprévu ne surgisse.

Pour terminer ce chapitre, nous allons faire un exercice de résolution de conflit, neutre, nous permettant de reprendre tous les concepts que nous avons vus au travers d'un exemple. Nous ne saurons dire si l'histoire que nous allons vous raconter est un mythe contemporain ou non, mais elle n'a rien d’extraordinaire lorsque l'on connaît parfaitement les fondements de la science. Elle parle d'une comète dont le passage serait visible depuis la terre, et dont les calculs mayas auraient été plus précis que nos calculs modernes. Sachez que les Mayas font partie des rares peuples (avec les musulmans), à avoir trouvé le principe unitaire algébrique des mathématiques, avec un symbole pour un chiffre. Cette histoire de calculs modernes défaillants reste plausible parce que nos modèles sont imparfaits fasse à la réalité beaucoup plus complexe, comme nous l'avons développé plus haut.

C'est la raison pour laquelle, par exemple, pour le début du mois de Ramadan, les musulmans utilisent généralement le calcul pour prédire à peu près la naissance du croissant lunaire. Aujourd'hui, les calculs sont très précis, mais ils seront vrais à condition, qu'aucune donnée imprévue ne surgissent (il y a très peu de chance que cela se produise, mais nous serions capables de refaire très rapidement les calculs avec les nouvelles données pour modifier nos modèles. Mais ne sait-on jamais, l'Ordre de Dieu pourrait nous surprendre là où nous nous y attendons le moins, car à ce jour, tous les phénomènes de l'univers ne sont pas encore expliqués). D'où l'importance tout de même de la vision oculaire du croissant de lune pour la confirmation du début de ramadan. Il n'y a pas consensus sur la vision oculaire, il n'y a pas consensus sur le calcul (on se retrouve avec un paradoxe, dualité, deux fragments, conflit, un yin et un yang). On doit résoudre le paradoxe en comprenant la relation transcendante (Monisme, l'harmonie, le cercle qui entoure les deux fragments du yin et du yang) à ces deux avis. On doit donc diriger notre Nafs vers notre Rouh, laissé tomber la passion pour la raison afin de comprendre que ces avis sont, tous les deux, nécessaires et complémentaires. LE consensus EST qu'il y A DEUX avis.

Selon Jiddu Krishnamurti, reprenant ses expressions , il faut visualiser toutes les cages pour pouvoir en sortir. Et cela passe par la recherche de connaissance. Toujours selon notre exemple, on ne peut pas être en harmonie, si l'on ne fait pas l'effort de comprendre les deux fragments (les deux « cages », les deux avis). Car si vous avez un avis tranché, ce qui peut être possible, vous vous devez d'accepter l'autre avis (à condition qu'il respecte les limites du cadre de l'orthodoxie), car si vous rejeter l'autre sans chercher à le comprendre, vous serez responsable du conflit (et particulièrement responsable de ce que l'on appelle la fitna en islam). Vous serez enfermé dans un seul fragment (une seule cage), et vivrez le conflit de manière douloureuse. Plus vous verrez de cages, autrement dit, plus vous aurez de science, et plus vous serez en paix intérieure.

Tome IV - La Psychologie | Chapitre 1 - La Science de l'Âme

Tome IV - La Psychologie | Chapitre 1 - La Science de l'Âme