Tome I - La Raison

Chapitre 1 - Méthodologie

par Anthony Ghelfo 2013

Introduction


L'arbre, symbole du cycle de la vie

Dans cette première partie, nous exposerons notre méthode de travail. Pourquoi ? Parce qu'elle permet l'accès à la compréhension et à la connaissance de Dieu. Nier l'existence de Dieu, sans savoir ce qu'est Dieu réellement, c'est parfois nier une chose dont on n'a pas connaissance. Ce serait comme nier la Chine, parce qu'on en n'aurait pas l'expérience vécue. C'est pourquoi, il faut construire un paradigme sérieux, et efficace dans l'accès à la connaissance. Deux éléments fondamentaux ne seront pas précisées dans cette méthode, concernant un travail à effectuer à chaque étape. Tout d'abord, une recherche de définition conceptuelle, force est de constater que nous ne maîtrisons pas la complexité de notre langue française, c'est pour cette raison que nous insisterons sur le sens des mots et leur nuance. Ensuite, concernant l'accès à la Vérité, le mieux est d'accepter toute information comme potentiellement vraie, si elle semble possible et cohérente, mais pour l'approuver entièrement comme vérité, il faut que les faits suivent. Toutes les idées peuvent être accueillies, toutefois si elles sont illogiques, il faut le démontrer par une argumentation constructive.

(24) N'as-tu pas vu comment Allah propose en parabole une bonne parole pareille à un bel arbre dont la racine est ferme et la ramure s'élançant dans le ciel ? (25) Il donne à tout instant ses fruits, par la grâce de son Seigneur. Allah propose ses paraboles à l'intention des gens afin qu'ils s'exhortent. (26) Et une mauvaise parole est pareille a un mauvais arbre, déraciné de la surface de la terre et qui n'a point de stabilité. (27) Allah affermit les croyants par une parole ferme, dans la vie présente et dans l'au-delà. Tandis qu'Il égare les injustes. Et Allah fait ce qu'Il veut.

أَلَمْ تَرَ كَيْفَ ضَرَبَ اللَّهُ مَثَلًا كَلِمَةً طَيِّبَةً كَشَجَرَةٍ طَيِّبَةٍ أَصْلُهَا ثَابِتٌ وَفَرْعُهَا فِي السَّمَاءِ
تُؤْتِي أُكُلَهَا كُلَّ حِينٍ بِإِذْنِ رَبِّهَا ۗ وَيَضْرِبُ اللَّهُ الْأَمْثَالَ لِلنَّاسِ لَعَلَّهُمْ يَتَذَكَّرُونَ
وَمَثَلُ كَلِمَةٍ خَبِيثَةٍ كَشَجَرَةٍ خَبِيثَةٍ اجْتُثَّتْ مِن فَوْقِ الْأَرْضِ مَا لَهَا مِن قَرَارٍ
يُثَبِّتُ اللَّهُ الَّذِينَ آمَنُوا بِالْقَوْلِ الثَّابِتِ فِي الْحَيَاةِ الدُّنْيَا وَفِي الْآخِرَةِ ۖ وَيُضِلُّ اللَّهُ الظَّالِمِينَ ۚ وَيَفْعَلُ اللَّهُ مَا يَشَاءُ

Coran, Sourate Ibrahim, Abraham, Versets 24 à 27

Dans cette méthode, nous commencerons par une distinction conceptuelle entre les verbes connaître et savoir, lesquels ne désigne par forcément un état de l'esprit similaire. Ensuite, on exposera les caractéristiques, et la fonction du livre dans l'histoire de l'humanité, et le rapport que l'être humain devrait lui accorder. Il s'en suivra, une seconde distinction méthodologique entre l'intuition et la déduction, sachant que la première précède toujours la seconde. Nous terminerons par un bref exposé de la logique, afin de comprendre les argumentations contenues dans le chapitre traitant de philosophie. Cette partie sur la méthodologie, est surement la moins digeste, mais nous l'exposons dans le but de comprendre la suite de notre démarche pédagogique. C'est une sorte de présentation à l'ensemble des grands chapitres qui suivront.

Différence fondamentale entre Connaitre et Savoir ?


Montaigne

Pour l'accès à la raison, nous avons besoin d'utiliser notre intelligence. Or l'intelligence qui nous intéressera ici, est celle de la compréhension, et non-celle de l'accumulation de connaissances. La faculté d'organisation de ses connaissances sur le monde, et son application dans la réalité.

« Mieux vaut tête bien faite que tête bien pleine. » [...] « Savoir par cœur n'est pas savoir : c’est tenir ce qu’on a donné en garde à sa mémoire. »

Montaigne 

Montaigne, philosophe de la Renaissance, dans le Livre I de ses Essais, nous partage une nouvelle approche pédagogique d'éducation moderne. En effet, un esprit structuré et logique, apte au raisonnement est plus utile pour comprendre que d’avoir une mémoire et une culture importante. Car pour ces derniers, l'accumulation de connaissances ne leur semble parfois qu'abstraite et sont incapables d'appliquer leurs notions sur le monde qui les entoure. Même s'ils pouvaient les appliquer, ils seraient en général incapables de prédire correctement les conséquences logiques, car il se peut que leurs idées ne soient pas connectées entre elles. C'est la principale distinction entre connaître et savoir. L'esprit structuré permet l'accès à la pensée intuitive grâce aux outils de la logique qui lui permettent de comprendre les invariants dans le discours.

Connaître :
Avoir présente à l'esprit l'idée plus ou moins précise ou complète d'un objet abstrait ou concret, existant ou non.
Savoir :
Appréhender par l'esprit, avoir la connaissance complète de, pouvoir affirmer l'existence de.
Trésor de la Langue Française informatisé

Ainsi, connaitre ne demande pas une précision de maîtrise de concept, contrairement à savoir, qui nécessite une totale compréhension du sujet. En cela, pour prendre un exemple, on peut distinguer deux formes de savants. Si l'on prend deux grandes personnalités musulmanes modernes, appréciées par la communauté pour leur travail pédagogique et proche d'une bonne interprétation de l'islam, d'un coté vous avez le Cheikh Imran Nazar Hosein , très grand érudit musulman, professeur de sciences islamiques, philosophe et essayiste qui écrit également sur la politique internationale, l'eschatologie, les sciences économiques et politiques ; de l'autre vous avez Ahmed Deedat , qui fut un grand prédicateur musulman, spécialiste en religion comparée. Ces deux grands hommes, que le monde de l'islam respecte, ont réalisé de nombreuses conférences, utilisant leur méthode d'intelligence propre à chacun.

Ahmed Deedat, possédait une mémoire encyclopédique, qu'il montrait dans ses conférences en exposant sa science, par l'énumération de nombreux versets, de la Bible et du Coran qu'il connaissait par cœur, et les arrangeait dans un ordre particulier de rhétorique. Il est plus dans le domaine de la mémoire, et de la récitation, dont la relève est assurée par le Dr. Zakir Naik . Sa connaissance des textes sur le bout des doigts, lui permettait d'adapter leur récitation au public auquel il s'adressait. Mais il n'avait accès uniquement à l'enseignement exotérique de la religion musulmane, c'est-à-dire uniquement à la forme extérieure du texte. Il connaît l'islam.

Quant à Cheikh Imran Nazar Hosein, connaître le Coran par cœur ne fait pas sa particularité, mais est capable de tenir une conférence d'1h30 sur seulement deux ou trois versets de ce dernier. Il les commente, les analyse, les restitue dans leur contexte, en dégage leur sens, leur symbolisme, leur morale, et les met en relation avec la réalité du monde d'aujourd'hui. Il a accès à la vision globale du monde, par son intuition, et son initiation à l'ésotérisme, c'est un vrai savant de l'islam. Il sait l'islam.

« L’ignorant ne voit que l’apparence, alors que l’homme doué de raison voit ce qui se cache derrière. »

Ibn Al Qayyim

Le plus important n'est donc pas l'accumulation de connaissances, mais la clarté dans la manière de définir les concepts. Vous verrez qu'à travers cet ouvrage, nous porterons particulièrement attention aux mots utilisés, et on exposera un chapitre sur la dialectique, notamment sur la manière de manipuler les mots . Une argumentation est comme une opération mathématique, si vous faites une erreur à une étape, le résultat final deviendra faux; de la même manière si vous n'employez pas les bons mots, votre argumentation peut devenir fausse, illogique, voir contradictoire.

Cette différence entre savoir et connaitre, se retrouve également très simplement lorsque nous disons connaitre quelqu'un. Mais l'expression savoir quelqu'un n'existe pas, n'est pas possible et n'a pas de sens, car un être est toujours changeant. La langue française, par sa subtilité fait bien cette distinction.

Même si vous n'avez pas une connaissance encyclopédique, le but est toujours de maîtriser un maximum le peu de vos connaissances afin de les comprendre, et de les acquérir, pour qu'elles puissent pénétrer votre âme et agir sur votre comportement. Si vous souhaitez savoir si Dieu existe, il vous faudra d'abord apprendre à Le connaître.

Le Livre, espace de connaissances partagées ?


Le livre est l'espace où l'homme stocke toutes ses connaissances sur le monde. Il permet ainsi d'éviter qu'elles se perdent dans le temps. Elles restent comme une trace derrière l'humanité, et poursuivent leur continuité dans l'Histoire, afin d'être approfondies grâce à l'avancer de la réflexion des générations futures. C'est pour cela que l'accumulation de connaissances reste inutile, si celle-ci n'est pas retranscrite, de manière écrite ou orale. Elles deviendraient vaines quand l'homme rend l'âme, pusiqu'il emporte ses connaissances, dans ce cas, sans avoir pu les partager.

Le Livre, symbole du partage de la connaissance

« Les savants des temps passés et des nations révolues n’ont cessé de composer des livres. Ils l’ont fait pour léguer leur savoir à ceux qui les suivent. Ainsi demeurera vive, la quête de la vérité. »

Al-Khawarizmi

Le livre constitue donc le symbole de la mémoire de l'Humanité dans tous les domaines. Encore une raison d'approuver que l'accumulation de connaissances inutiles peut être une perte de temps, puisqu'il vous suffit souvent de consulter un livre pour retrouver une information. Cela vous permet de garder de la place dans votre espace mémoire pour des choses un peu plus importantes de la vie de tous les jours. Le livre permet à l'homme un dernier lien étroit avec la nature, puisque nous fabriquons ses feuilles avec le bois des arbres. Un beau livre peut donc être immortalisé, et l'on peut y voir un lien symbolique, où justement l'homme a besoin de la nature pour conserver ses connaissances sur lui et son monde .

Les livres ont une fonction de témoignage et permet d'appuyer des faits, de justifier une argumentation, de retranscrire des pensées, des idées, des informations ainsi que des vérités. Ils sont très importants pour justifier un dessein, comme pour ce travail, nous avons eu besoin des textes fondamentaux de l'islam. Pour savoir ce qu'est réellement cette religion il faut revenir aux textes originaux, et non juger sur les actes des musulmans.

« La lecture, après un certain âge, détourne l'esprit de ses activités créatives. Tout homme qui lit trop et utilise trop peu son propre cerveau tombe dans les habitudes paresseuses de la pensée, tout comme l'homme qui passe trop de temps dans le théâtre est tenté de se contenter de vivre par procuration au lieu de vivre sa propre vie. »

Albert Einstein

En vérité, il n'est pas nécessaire de lire beaucoup pour comprendre l'univers qui nous entoure, si vous avez une observation juste sur les choses. Le premier livre de la vie est celui de la réalité vécue chaque jour. Il faut aussi comprendre que tout ce qui est écrit dans les livres n'est pas forcément vrai, cela reste tout d'abord de l'information, y compris dans les ouvrages de sciences générales. Quant aux romans, de la même manière ils ne sont pas tous faux, et peuvent quelques fois servir de témoignages historiques, ou, les fables peuvent, elles, véhiculer des messages de morale ou encore de dénonciations. Il peut aussi parfois être pénible de lire un livre de cinq cent pages où seulement dix renferment le génie de l'auteur, d'où le principe de citation mis à l’œuvre à travers cet écrit.

Pourquoi parler du livre dans la méthode ? Tout simplement pour rappeler, que l'on ne peut pas résumer la pensée d'un auteur uniquement sur un passage de texte. Par exemple, ce n'est pas parce que Einstein parle de Dieu, qu'il perçoit ce concept de la même manière que les musulmans ou les chrétiens sur ce sujet. Il y a toujours des nuances et des complexités, qui font qu'on ne peut résumer la pensée d'un auteur uniquement après avoir lu toute son œuvre. Car sa pensée évolue, et ce qu'il pensait être faux à un certain moment de sa vie peut se retrouver vrai à un autre, et vice et versa.

De la même façon, on ne peut résumer un ouvrage uniquement sur une citation. Et là où nous souhaitons réagir, c'est au sujet des textes religieux, souvent exploités en dehors de leur contexte. Nous aurons l'occasion d'y revenir, particulièrement pour le Coran, car cet ouvrage ne peut être compris qu'en étant lu dans son intégralité, et encore, certains passages semblent incompréhensibles, sans une introduction aux contextes historiques et à la révélation.

Différence entre l'Intuition et la Déduction ?


Puzzle

La déduction concerne les conséquences de phénomènes logiques. Par exemple, si l'on pose : x + 1 = 2 et que l'on vous demande la valeur de  x ? Vous en déduirez que x = 1 car vous ferez consciemment, ou non, le calcul suivant: x = 2 – 1 ⇔ x = 1. Tout le monde peut déduire aisément une fois qu'on a compris la règle, addition, soustraction, ainsi que tous les éléments en notre possession.

L'intuition concerne, quant à elle, les phénomènes dont les règles nous échappent, et que nous essayons de prédire selon une connaissance acquise par l'expérience. Par exemple l'on peut essayer de prédire une guerre, phénomène sans règle apparente, sans loi physique, en observant des événements qui dans l'Histoire se retrouvaient en avant-guerre. La prédiction peut être très subjective, mais, pour qu'elle soit raisonnable, et non-passionnelle, il est très utile de faire preuve de sagesse, pour enlever ce qu'on appelle les biais de raisonnements.

Une prédiction exacte par l'intuition, si elle se renouvelle à plusieurs reprises, la personne en question pourra en dégager la règle, la décrire et en déceler les corrélations et les invariants. Une fois qu'on a la règle, il n'est plus question d'instinct, mais uniquement de déduction, ce qui est plus simple. Par exemple, Isaac Newton pensait que, la lune qui tourne autour de la terre, et une pomme qui tombe d'un arbre, étaient soumis à la même loi physique. Cela fut d'abord une intuition, qu'il transformera par la suite en règle, raisonnable, mathématique, pour obtenir la loi de la gravitation universelle. Grâce à cette loi, maintenant nous pouvons prédire le mouvement et la chute d'un objet en fonction de sa masse et de sa vitesse.

« La Science ne sert qu'à vérifier les découvertes de l'instinct. »

Jean Cocteau

Pour structurer logiquement son esprit et avoir accès à la pensée intuitive, au delà de posséder une grande sagesse, il faut se poser les bonnes questions : la quête de spiritualité invite à la réflexion. Newton se demandait pourquoi la pomme tombe alors que la lune ne tombe pas sur la terre. Question pertinente. Il faut apprendre à éviter les biais de raisonnements courants, à structurer ses arguments pour éviter qu'ils soient projectifs , à faire des liens et des arborescences fondées entre les idées, cela permet d'éviter les jugements et les conjectures sans fondement, en faisant des associations sémantiques fausses entres les idées. La passion que l'on oppose souvent à la raison, peut contribuer fortement par l'émotion, à la perte du chemin logique du raisonnement normal (comme islam ? religion des Arabes ? terrorisme).

« L'éternel mystère du monde est son intelligibilité... Le fait qu'il soit compréhensible est un miracle. »

Albert Einstein

On pourrait utiliser l'image du puzzle pour illustrer ses corrélations entre les différents ensembles de connaissances et des disciplines, comme nous l'enseigne le Cheikh Imran Hosein dans ses conférences. Pour avoir une vision compréhensible du monde tel qu'il fonctionne, il vous faut savoir lier et imbriquer les connaissances les unes aux autres afin d'obtenir le panorama final.

La pensée intuitive ne peut donc être acquise que par l'intermédiaire de cette méthode de structuration des idées. Elle est dite intuitive car elle permet sans règle apparente, mais par expérience, de retrouver les idées qui nous échappent et qui nous manquent. Si vous imaginez un puzzle avec un pièce manquante, le but est d'être capable de redessiner cette partie.

Exemple imagé du puzzle

Chaque pièce du puzzle correctement enchevêtrée symbolise ici les idées organisées. Elles sont structurées par la forme des pièces qui constituent la logique. Le contour de la partie manquante redessinée symbolise, l'idée déduite qui vous apparaît comme logique, harmonisée avec l'ensemble des autres pièces. La pensée intuitive, elle, correspond au dessin du puzzle. Car même si l'on a la forme de la dernière pièce, le dessin qui y est représenté ne peut seulement être deviner selon une connaissance antérieure acquise sur des faits similaires. Ainsi, la dernière pièce pourra être harmonisée avec le diaporama final du puzzle.

Par la déduction, A et B ne sont pas correctes par leur forme, et toujours par déduction C, D et E semblent faire partie des solutions potentielles, car ils sont identiques par leur forme, mais diffèrents par la couleur du papillon représenté.

Il n'est donc plus question ici de faire preuve de logique, mais d'expérience. Auriez-vous été capable de redessiner le contenu de la pièce restante, si l'on ne vous avait pas fait de proposition ? Êtes-vous certains qu'il y avait bien un papillon ?

Ici, seuls ceux qui détiendront des connaissances dans le domaine artistique, par exemple, sont plus à même de trouver la bonne solution. Certains pourraient prendre en considération par exemple les couleurs du tableau, pour savoir quel papillon est le plus harmonieux avec le reste de la fresque. Mais, rien ne dit qu'ils auront tout de même la bonne réponse, puisqu'il ne s'agit pas ici de faire preuve de raison, mais de ressenti.

Plus il vous manquera de pièces, c'est-à-dire de connaissances, moins vous aurez une visibilité de la fresque finale, et par conséquent plus vous vous éloignerez de la compréhension du monde réel.

Le raisonnement logique simple ?


Logique :
Science relative aux processus de la pensée rationnelle (induction, déduction, hypothèse p. ex.) et à la formulation discursive des vérités.
Trésor de la Langue Française informatisé

Un des supports les plus importants pour l'accès à la Vérité, mais aussi le partage commun de celle-ci, est le langage. Tout comme les mathématiques, le langage peut subir des formes d'opération dites logiques, souvent utilisées en philosophie, qui permettent de mettre en évidence des vérités. La logique est l'ensemble des règles que se doit de respecter une argumentation correcte. Aristote, philosophe grec de l'Antiquité, sera le premier à étudier cette logique. On ne s'étendra pas sur le sujet, ceux qui souhaiteront approfondir, le site du Centre National de Recherche de Logique, de l'Université Catholique de Louvain, retrace l'histoire de la logique. On exposera cependant quelques cas simples de la logique, qui nous semblent particulièrement pertinents, et qui nous serviront plus tard.

Le but du raisonnement est de conclure, d'inférer une vérité à partir de deux propositions. Toute proposition doit être constituée de trois éléments. Par exemple, si l'on prend la proposition « Tous les Hommes sont des êtres vivants », l'on distingue, la quantité (si l'on parle de TOUS les Hommes ou CERTAINS/QUELQUES Hommes), la qualité (les Hommes SONT ou NE SONT PAS), et enfin le prédicat, c'est-à-dire ce qu'on attribut à une proposition (dans notre exemple DES ÊTRES VIVANTS).

Toujours selon notre exemple, on peut en distinguer 4 formes si l'on manipule et combine la qualité et la quantité :

  1. Tous les Hommes sont des êtres vivants (Universelle, Affirmative)
  2. Aucun Homme n'est un être vivant (Universelle, Négative)
  3. Certains Hommes sont des êtres vivants (Particulière, Affirmative)
  4. Certains Hommes ne sont pas des êtres vivants (Particulière, Négative)

De ces quatre propositions naîtra le carré logique, schéma qui nous permettra de déceler les oppositions et relations entre ces différentes propositions.

Carré Logique

Tous les êtres humains sont des êtres vivants (1)
Contraire de
Aucun être humain n'est un être vivant (2)
Subalterne de
Contradictoire de
Subalterne de
Certains êtres humains sont des êtres vivants (3)
Subcontraire de
Certains êtres humains ne sont pas des êtres vivants (4)

Si nous essayons de lire le tableau convenablement à partir de la proposition (1) :

  • (1) est contraire de (2), ceux sont deux propositions universelles qui s’opposent par la qualité (TOUS SONT / AUCUN N'EST).
  • (1) est subalterne avec (3), ceux sont deux propositions qui s'opposent par la quantité (TOUS / CERTAINS).
  • (1) est contradictoire avec (4), ceux sont deux propositions qui s'opposent par la qualité et la quantité.
  • Ce tableau permet de faire des inférences immédiates, toujours en fonction de la prémisse (1) :

  • Si (1) est vrai, alors (2) et (4) sont faux, et (3) est vrai.
  • Si (1) est faux, alors on peut en déduire que seul (4) est vrai.
  • Ceci est la base du raisonnement logique, mais Aristote, va aller plus loin. Nous parlions précédemment d'inférences immédiates, et nous discuterons maintenant d'inférences médiates, et particulièrement du syllogisme.

    Le syllogisme est un raisonnement logique, qui se fait à partir de deux propositions, disposées de manière particulière, au fin d'en inférer une conclusion vraie. Pour donner un exemple :

    1. Tous les Hommes sont des êtres vivants (la majeur)
    2. Or tous les Français sont des Hommes (la mineur)
    3. Donc tous les Français sont des êtres vivants (la conclusion)

    Ici, vous avez le moyen terme qui est « Hommes », qui doit se placer avant le terme majeur « êtres vivants », et après le terme mineur « Français ». Les propositions majeur et mineur sont supposées vraies, et doivent l'être, par conséquent, la conclusion sera une vérité.

    Une argumentation rationnelle est comparable à une opération mathématique. Le syllogisme précédent est pareil à :

    1. Tous les Hommes sont des êtres vivants ⇔ B (Homme) = A (être vivant) ; B = A
    2. Or tous les Français sont des Hommes ⇔ or C (Français) = B (Homme); C = B
    3. Donc tous les Français sont des êtres vivants ⇔ donc C (Français) = A (être vivant); C = A (car A = B = C)

    Cette structure est la forme basique du syllogisme. Nous n'entrerons pas plus dans le détail, puisqu'il en existe d'autres, en fonction du placement du terme moyen, et la forme d'universalité (tous/aucun).

    Les principes méthodologiques exposés devraient être les bases du raisonnement de l'Homme occidental moyen instruit. On verra que le syllogisme est souvent appliqué dans l'argumentation philosophique, et notamment dans les démonstrations de l'existence de Dieu. Il est important de les maîtriser, cela permet de repérer les paralogismes et les sophismes, étant deux formes d'argumentations fausses, et contre nature, pouvant sembler en apparence logiques.

    Pourquoi alors donner tous ces outils de raisonnement ? Est-ce une perte de temps ? Quel est le rapport avec Dieu ? Le titre du livre est Redécouvrir Dieu par la Raison, et le but est de montrer que la méthode de réflexion à utiliser dans l'accès à la spiritualité est logique, rationnelle et raisonnable. Rien dans cet ouvrage ne devrait rentrer en contradiction avec ces éléments.

    Cette partie expose les outils à employer dans notre quête de spiritualité dans la rencontre avec Dieu. Nous allons voir maintenant un comportement, la sagesse, qui nous facilitera l'accès à la spiritualité.

    Tome I - La Raison | Chapitre 1 - Méthodologie

    Tome I - La Raison | Chapitre 1 - Méthodologie